Nation

L’extrême droite poursuit sa campagne hostile contre l’Algérie

Une proposition de résolution, remplie d’idées incendiaires et de surenchères politiques, a été soumise au débat à l’Assemblée nationale française

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L’Assemblée nationale française débattra jeudi prochain d’une proposition de résolution appelant une nouvelle fois Paris à se désengager de l’Accord migratoire de 1968, présentée par les députés du parti "Union de la droite pour la République", allié de l’extrême droite du Rassemblement national. Une scène déjà vue au sein de l’hémicycle, mais cette fois dans un contexte politique différent.

L’Assemblée nationale a accepté la demande du groupe parlementaire dirigé par Éric Ciotti d’inscrire ce débat à l’ordre du jour, profitant de la journée réservée à son groupe pour l’examen de propositions à caractère politique.
Il s’agit du deuxième débat du genre au sein de l’Assemblée nationale.
Éric Ciotti, allié de l’actuel ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau au sein du parti Les Républicains, avait déjà pris l’initiative d’un débat similaire en décembre 2023, dans un contexte où les relations bilatérales entre la France et l’Algérie étaient relativement apaisées. Cette séance s’était distinguée par la forte visibilité des députés d’origine algérienne, qui s’étaient largement exprimés.

Cette initiative s’inscrit dans une stratégie plus large de l’extrême roite française, toutes tendances confondues, visant à maintenir l’attention politique et médiatique focalisée sur les relations avec l’Algérie.
Elle cherche également à reprendre l’initiative au détriment de la droite traditionnelle, en continuant à exploiter ce dossier à des fins électorales et pour alimenter un climat hostile aux intérêts algériens en France.

La résolution déposée le 18 mars dernier par les députés de l’Union de la droite pour la démocratie et la République, conduite par Éric Ciotti, appelle l’État français à se désengager de l’accord migratoire de 1968, et à annuler l’accord de 2013, lequel prévoit l’exemption de visa pour les titulaires de passeports diplomatiques algériens souhaitant entrer sur le territoire français.

Éric Ciotti a repris les mêmes arguments qu’il avait avancés dans une proposition similaire il y a près de deux ans, alors qu’il agissait au nom du groupe Les Républicains (son ancien parti), les adaptant au contexte politique actuel, tant intérieur que bilatéral.
Il a réitéré ses accusations selon lesquelles l’accord de 1968 aurait instauré un régime dérogatoire facilitant l’immigration des ressortissants algériens vers la France.
Le député, connu pour ses prises de position systématiquement hostiles à l’égard de l’Algérie, a affirmé qu’il n’existait plus de justification pour que les citoyens algériens bénéficient d’un statut juridique qui faciliterait leur entrée et leur séjour en dehors du cadre défini par la législation générale sur les étrangers. 

Éric Ciotti a également réitéré dans sa résolution ses positions hostiles à l’égard de l’Algérie, estimant que les facilités prévues par les accords de 1968 et de 2013 « ne sauraient être accordées à une nation qui adopte une attitude inamicale envers la France ».
Le texte accompagnant cette proposition est largement imprégné de désinformation, de discours incitatifs et de surenchère politique.

Ciotti a puisé dans la feuille de route élaborée par l’ancien ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt, laquelle vise à faire pression sur la partie algérienne afin de l’amener à faire des concessions.
Parmi ces revendications figure la libération de l’écrivain Boualem Sansal, dont le cas, ainsi que celui de plusieurs influenceurs, occupe une place centrale dans l’exposé des motifs.

L’extrême droite française et ses divers courants se sentent aujourd’hui plus proches que jamais d’atteindre leurs objectifs, dans un climat politique marqué par une radicalisation des débats sur l’immigration et les relations franco-algériennes.

La nouvelle proposition constitue la deuxième du genre au sein de l’Assemblée nationale française durant l’actuelle législature, après celle déposée par la députée Michèle Tabarot, fille de Robert Tabarot, l’un des dirigeants de l’Organisation de l’armée secrète (OAS) à Oran durant la guerre d’indépendance.

Sur le plan juridique, un vote en faveur de cette résolution n’aura aucune portée contraignante, dans la mesure où la Constitution française n’autorise pas l’Assemblée nationale à adopter des décisions exécutoires pour le gouvernement.

Par ailleurs, les étudiants algériens en France se retrouvent dans le collimateur des mesures restrictives promues par Bruno Retailleau, qui vise à durcir davantage les conditions d’accueil et de séjour pour les ressortissants étrangers, y compris les étudiants.

Le député français Emmanuel Duplessy tente d’attirer l’attention sur la situation difficile des étudiants algériens en France, qui payent le prix des politiques migratoires de plus en plus hostiles à l’Algérie, menées sous l’impulsion du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau.

Ce parlementaire de gauche a interpellé la ministre de l’Enseignement supérieur au sujet des difficultés rencontrées par ces étudiants, lesquelles entravent leur réussite académique.
Il a précisé que les 34 000 étudiants algériens présents en France subissent directement les conséquences de la crise actuelle, notamment à travers les projets du gouvernement français visant à revoir l’Accord migratoire de 1968 et à supprimer l’accord de 1980, qui permettait jusqu’ici aux ressortissants algériens de bénéficier de la couverture santé financée par la sécurité sociale française.

Le député a mis en garde contre ces politiques, qu’il considère comme génératrices d’incertitude et de risques pour les étudiants algériens en France.
Il a illustré ses propos en évoquant la complexité croissante des démarches administratives auxquelles ces étudiants sont confrontés, ce qui entrave leur réussite universitaire, affecte leur santé mentale et nuit à l’attractivité des universités françaises.

Il a notamment cité des témoignages d’organisations étudiantes à l’université d’Orléans, au sud de Paris, qui ont signalé que certains étudiants algériens se sont vu refuser le renouvellement de leur titre de séjour, les empêchant ainsi de poursuivre leurs études.

Le parlementaire a interpellé le gouvernement sur les mesures envisagées pour faciliter les procédures administratives destinées aux étudiants algériens, afin de leur permettre de poursuivre leur formation dans de bonnes conditions, tout en préservant l’image et l’attrait de l’enseignement supérieur français pour les étudiants étrangers.