Des doutes planent quant à tenue de la visite prévue le mois prochain en Algérie d’une délégation parlementaire française composée de membres du groupe d’amitié parlementaire franco-algérien. Le journal français L’Humanité, proche des milieux communistes, a dénoncé une campagne haineuse menée par le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, pointant du doigt le double jeu du président Emmanuel Macron.
Belkheir Belhadad, ancien président de ce groupe d’amitié et député d’origine algérienne, a déclaré dans la presse qu’il ignorait si la visite aurait lieu comme prévu, à la lumière de la récente détérioration des relations bilatérales.
Aucune annonce officielle n’a été faite côté algérien quant à cette visite supposée, d’autant que le Conseil de la Nation avait suspendu, il y a quelques semaines, toute coopération avec le Sénat français.
Ces dernières heures, les autorités algériennes ont également gelé les déplacements d’hommes d’affaires français ainsi que la visite d’un maire français. Par ailleurs, le ministre français de la Justice, Gérald Darmanin, n’a pas encore communiqué sur une éventuelle visite en Algérie, une perspective peu probable dans le contexte actuel.
Gérald Darmanin s’est aligné sur la position dure de Retailleau, prônant une relation de force avec Alger, tout en refusant de reconnaître les crimes de la période coloniale. Contrairement aux discours tentant d’absoudre Retailleau, Éric Coquerel, président de la commission des finances à l’Assemblée nationale et membre de La France Insoumise, a vivement critiqué le ministre de l’Intérieur, qu’il accuse de saboter les efforts de réconciliation. Coquerel a rappelé que Retailleau était derrière l’arrestation de trois personnes et a remis en question les intentions réelles du gouvernement.
Le journal « L’Humanité » a dénoncé une "campagne abjecte" orchestrée par Retailleau, fustigeant le double discours de Macron, qui alterne entre apaisement et représailles. Le quotidien a également critiqué le rôle marginal de Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères, récemment envoyé à Alger sans résultat tangible. Le journal a appelé à mettre fin à cette escalade insistant « Aucun des deux pays n’a intérêt à ce type d’affrontement ».
Sur les plans économique, humain et culturel, les destins de la France et de l’Algérie sont étroitement liés. « Les enjeux sont existentiels. Il ne faut pas les laisser entre les mains d’extrémistes ou d’irresponsables dont les choix opportunistes ne servent ni les Algériens ni les Français », insiste le journal.
La porte-parole du gouvernement français, Prisca Thévenot, a affirmé que Retailleau n’avait « rien à voir » avec la crise née de l’arrestation d’un fonctionnaire consulaire algérien. Elle a qualifié la réaction algérienne de « surprenante » et parlé d’une « escalade regrettable », alors que les relations bilatérales semblaient s’orienter vers une accalmie. Elle a insisté sur le fait que l’arrestation avait été décidée par le parquet national antiterroriste, « totalement indépendant du gouvernement ».
Le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, éclipsé par Retailleau, a tenté de masquer le scandale de l’arrestation d’un diplomate algérien, en jouant la carte de la fermeté. Il a néanmoins réitéré son souhait de reprendre le dialogue avec Alger « sur le long terme, dans l’intérêt des Français ».
Dans une interview accordée à France Inter, il a déclaré que « Si nous voulons des résultats pour les Français, nous devons un jour renouer avec un dialogue franc et clair avec les autorités algériennes ».
Face aux critiques dénonçant son approche modérée, Barrot a défendu son positionnement « Il est dans notre intérêt d’avoir une relation normale avec l’Algérie et de sortir de cette tension, afin de faciliter les expulsions de ressortissants algériens en situation irrégulière, de collaborer sur les questions de renseignement et de lutte contre le terrorisme, et de permettre la libération de notre compatriote Boualem Sansal, détenu arbitrairement en Algérie ».
« Le dialogue est la seule voie vers une résolution durable des tensions. Refuser le dialogue est une attitude irresponsable. Il faut donner une chance au dialogue » a-t-il conclu.
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