Une étude de l’INSEE à Paris révèle que les Algériens constituent la plus grande communauté étrangère résidant en France, représentant environ 12 % des populations issues de l’immigration, qui elles-mêmes forment 47,7 % de la population française en 2023. Pourtant, alors que ces chiffres devraient refléter une diversité démographique, ils sont instrumentalisés politiquement, notamment par l’extrême droite, qui tient la communauté algérienne responsable des problèmes sociaux et sécuritaires, sans distinction entre résidents réguliers ou non, ni entre migrants et citoyens d’origine immigrée.
Depuis sa prise de fonction, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a durci son discours qualifiant cette immigration « d’agressive », la présentant comme une menace pour « l’identité culturelle française ». Il a aussi conditionné la coopération économique avec l’Algérie au respect des procédures de rapatriement des migrants en situation irrégulière.
En fin 2024, une nouvelle loi très restrictive sur l’immigration a été adoptée, réintroduisant la criminalisation du séjour irrégulier, supprimée en 2012, et excluant certains migrants, notamment algériens, des possibilités de régularisation par le travail dans les secteurs dits « en tension ». En février 2025, la France a officiellement retiré les migrants algériens de la liste des métiers permettant une régularisation. Parallèlement, le gouvernement envisage de réviser unilatéralement l’accord de 1968 avec l’Algérie, alimenté par des faits divers instrumentalisés politiquement.
Sur le terrain, cette politique se traduit par un durcissement administratif. Des rapports dénoncent des pratiques illégales lors des entretiens de régularisation, où des questions portant sur les croyances, les coutumes et la tenue vestimentaire des migrants algériens sont posées, révélant un climat excluant et discriminatoire.
L’immigration est devenue un enjeu politique et culturel majeur en France, avec la communauté algérienne stigmatisée comme une menace pour les « valeurs républicaines ». Même des incidents isolés sont amplifiés pour nourrir des stéréotypes négatifs.
Retailleau a accusé certains influenceurs algériens sur les réseaux sociaux de propager « haine et antisémitisme », ce qui a suscité un tollé parmi les organisations de la communauté, dénonçant une généralisation dangereuse et un racisme institutionnel.
Ces évolutions annoncent une grave dégradation des relations algéro-françaises, pas seulement diplomatiques mais aussi sociales et culturelles. Chaque déclaration hostile ou mesure arbitraire creuse le fossé entre la communauté algérienne et le gouvernement français. Les défis de cette communauté ne sont plus uniquement juridiques, mais existentiels, liés à une lutte pour le droit de rester et d’exister, malgré sa contribution à l’économie française.
Enfin, face à la montée des politiques d’extrême droite, la question n’est plus de savoir si la pression sur la communauté continuera, mais jusqu’où peut-elle aller sans provoquer une crise majeure.
Commentaires
Participez Connectez-vous
Déconnexion
Les commentaires sont désactivés pour cet publication.