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« Les autorités françaises ont enfreint les procédures diplomatiques »

L’avocat Boujemaa Ghechir évoque l'aspect juridique de l’affaire de l’arrestation de l’agent consulaire algérien

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D.R
D.R

L’avocat Boujemaa Ghechir a affirmé que l’inculpation pour terrorisme d’un agent consulaire implique en premier lieu l’État qui l’a mandaté. Par conséquent, l’Algérie est en droit de réagir et de se défendre dans l’affaire de l’arrestation de son agent consulaire à Paris, conformément au droit international.

Dans une déclaration au journal El Khabar, Ghechir a expliqué que « l’arrestation et la détention de l’agent consulaire à Paris ont fait suite à une plainte déposée par un individu nommé Amine Boukhors contre trois personnes qu’il accuse de l’avoir enlevé. Selon ses propos, ces personnes pensaient qu’il était impliqué dans le vol d’un camion chargé de drogue, mais l’ont relâché 24 heures plus tard après avoir identifié sa véritable identité. »

Il poursuit qu’un «an après cette plainte, les autorités françaises ont interpellé trois personnes, dont un agent consulaire algérien, dans le cadre de l’enquête sur cet enlèvement présumé. »

Commentant l’affaire, l’avocat a rappelé que « l’article 41 de la Convention de Vienne sur les relations consulaires accorde une immunité personnelle aux agents consulaires, les protégeant de l’arrestation ou de la détention provisoire, sauf en cas de crime grave et en vertu d’une décision judiciaire. »

Ainsi, selon lui, la justice française — en l’occurrence le parquet national antiterroriste — a considéré que les faits reprochés étaient suffisamment graves pour les qualifier de terrorisme.

Ghechir a précisé que, selon le communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères, l’accusation se fonde sur la localisation du téléphone de l’agent consulaire à proximité du domicile d’Amine Boukhors, un élément qui, selon lui, ne constitue ni une preuve ni un indice sérieux, d’autant plus que la Convention de Vienne garantit la liberté de mouvement des agents consulaires.

Il a également souligné que les autorités françaises n’ont pas respecté les procédures diplomatiques, n’ayant pas informé l’État algérien par les voies officielles. Il déplore que l’affaire soit médiatisée comme étant un enlèvement d’un opposant, alors que la prétendue victime elle-même reconnaît avoir été relâchée lorsqu’on l’a identifiée.

Selon Ghechir, cette affaire ne relève pas du cadre de la coopération judiciaire entre Alger et Paris, et n’est donc pas censée en affecter le déroulement. Il s’agit, selon lui, d’une affaire impliquant des individus classés comme terroristes, ce qui nécessite une enquête approfondie et des mesures basées sur ses résultats.

En conclusion, l’avocat estime que l’inculpation pour terrorisme d’un agent consulaire équivaut, de fait, à une accusation portée contre l’État qui l’a accrédité, en l’occurrence l’Algérie. Il insiste donc sur le droit de cette dernière de réagir et de prendre les mesures nécessaires pour défendre sa souveraineté.