Les manifestations du 11 décembre 1960 comptent parmi les étapes les plus marquantes du parcours de la Révolution algérienne. Le peuple algérien y a démontré au monde son attachement à l’indépendance et son rejet catégorique de toute forme de domination coloniale. Ce soulèvement populaire s’est produit à un moment où les autorités coloniales, dirigées par le général De Gaulle, tentaient d’imposer une nouvelle politique fondée sur la citoyenneté et l’intégration, dans le but de marginaliser le rôle du Front de libération nationale et de réduire son influence sur la scène politique.
La visite de De Gaulle en Algérie et le refus populaire
Les manifestations furent une réaction directe à la visite du général Charles de Gaulle en Algérie et à ses tentatives, suivant le plan des colons, d’appliquer le projet « l’Algérie algérienne », qui visait à maintenir l’Algérie sous domination française. Les Algériens sortirent alors dans des marches pacifiques, brandissant le drapeau national et des slogans en faveur de l’indépendance, affirmant leur attachement à la révolution et l’unité du peuple derrière le FLN, et proclamant leur identité et leur droit à un État arabe, musulman et indépendant. L’occupation leur opposa une répression sanglante, faisant des centaines de martyrs ainsi que des milliers de blessés et de détenus. Les manifestations révélèrent surtout la forte cohésion populaire autour de la révolution et firent tomber les prétentions françaises concernant une prétendue division de la société algérienne.
Le FLN appelle à des manifestations pacifiques pour l’unité nationale
Dans ce contexte tendu, le Front de libération nationale appela le peuple algérien à sortir dans des manifestations pacifiques exprimant l’unité du front intérieur et rejetant les thèses françaises diffusées à l’époque, dont le « troisième voie » proposé par De Gaulle. Cet appel fut aussi une réponse claire aux extrémistes français qui brandissaient le slogan « l’Algérie française », cherchant à faire échouer le processus de libération et à présenter la révolution comme un simple mouvement isolé.
Une étincelle partie de la capitale avant de s’étendre rapidement aux grandes wilayas
Selon les sources historiques, la première étincelle éclata dans le quartier de Belcourt, l’actuel Belouizdad, à Alger, le matin du dimanche 11 décembre 1960. Elle s’étendit rapidement aux différents quartiers de la capitale ainsi qu’à d’autres villes comme Oran, Constantine, Annaba, et d’autres encore. Les manifestants brandissaient des drapeaux nationaux et scandaient des slogans réclamant l’indépendance et exprimant leur soutien à la direction révolutionnaire. Ils renforçaient ainsi la conviction que l’indépendance était devenue une revendication irréversible et réfutaient les prétentions de De Gaulle selon lesquelles la révolution serait un mouvement isolé, affirmant au contraire qu’elle représentait la volonté d’un peuple tout entier.
Le cri des Algériens contre les pratiques des colons visant à pérenniser leur présence
Au milieu de ce conflit politique et militaire entre la France et le FLN, des milliers d’Algériens descendirent dans la rue pour dire clairement et sans hésitation : « Non à l’étouffement des aspirations du peuple… Non à la domination française ». Les protestations n’étaient pas seulement un refus des politiques officielles françaises, mais aussi une réponse aux pratiques des colons qui cherchaient à renforcer leur présence politique et économique aux dépens de la majorité algérienne.
Un mouvement populaire croissant consacrant l’unité des Algériens autour du choix de l’indépendance
Dans les jours qui suivirent, les protestations s’amplifièrent et leurs nouvelles circulèrent d’une ville à l’autre. Les foules affluèrent dans des marches sans précédent, portant le slogan : « Vive l’Algérie indépendante, à bas le colonialisme ». Selon plusieurs sources algériennes, ces manifestations constituèrent un tournant décisif dans l’unification du front national et l’expression de la véritable volonté du peuple d’obtenir son indépendance.
Selon les témoignages historiques, les manifestants furent attaqués par certains colons, ce qui entraîna l’intervention des forces françaises qui tirèrent à balles réelles, faisant plusieurs victimes. Malgré la répression, les manifestations se transformèrent en une vague populaire massive à laquelle participaient hommes, femmes et enfants, réclamant la fin du colonialisme et le droit du peuple à disposer de lui-même, montrant au monde que la Révolution algérienne n’était pas seulement une confrontation armée, mais le droit d’un peuple entier aspirant à la liberté.
Des manifestations de quatre jours qui ont préparé le référendum sur l’autodétermination
Selon des historiens algériens, le nombre de martyrs tombés entre le 11 et le 15 décembre dépassa les 600, un chiffre approximatif en raison de l’absence de statistiques précises, l’administration coloniale ayant tenté de les cacher ou de les minimiser. D’autres sources évoquent des nombres beaucoup plus élevés. Plusieurs historiens et hommes politiques ont considéré que les manifestations du 11 décembre constituaient un véritable « référendum populaire » dans la rue, précédant le référendum politique qui aurait lieu trois ans plus tard et marquerait un tournant décisif dans le parcours de la révolution. Les forces françaises tirèrent directement sur les foules et tentèrent d’intimider les manifestants en répandant chars et blindés dans les rues. Malgré la brutalité de la répression, les masses continuèrent à descendre, portant drapeaux et portraits des dirigeants de la révolution et scandant : « L’Algérie est musulmane, l’Algérie est arabe, l’Algérie est indépendante ».
Des manifestations dans toutes les villes algériennes, un véritable “référendum populaire”
Les manifestations du 11 décembre 1960 éclatèrent dans diverses villes en réponse à l’appel du FLN, dans une scène nationale d’une ampleur inédite, considérée comme un « référendum populaire » contre les politiques coloniales françaises et contre le projet « l’Algérie algérienne » que De Gaulle tentait de promouvoir. Plus de soixante ans plus tard, les images des foules qui envahirent les rues malgré les balles et les chars restent gravées dans la mémoire des Algériens. Le peuple voulait dire au monde que la voix de la nation est plus forte que la répression et que l’Algérie ne peut être qu’algérienne.
La France tenta de montrer une Algérie calme au monde
Les autorités coloniales françaises se préparaient à montrer une Algérie calme grâce à leurs mensonges habituels, aux médias qui leur étaient favorables et à de faux rapports. Mais une vague de manifestations sans précédent éclata dans différentes villes, surprenant les autorités françaises par leur ampleur et leur organisation minutieuse dans les rues d’Alger et des grandes villes comme Oran, Constantine et Batna. Avec l’extension des slogans réclamant l’indépendance, la réponse française fut rapide et brutale.
Ces manifestations surgirent à un moment critique pour la France. Le général De Gaulle tentait d’imposer une solution « algérienne à l’intérieur de la France », ou au moins de gagner du temps par un projet d’intégration limitée. Mais la scène populaire du 11 décembre bouleversa l’équation internationale et envoya au monde un message clair : le peuple algérien est uni derrière le choix de l’indépendance.
La dénonciation internationale des crimes coloniaux et l’inévitabilité de l’indépendance
Les manifestations exposèrent les crimes du colonialisme français et la violence exercée contre les Algériens, révélant au monde la brutalité de la France. L’opinion internationale réclama le droit du peuple algérien à l’autodétermination et des négociations avec la partie algérienne. La question algérienne fut inscrite à l’ordre du jour des Nations unies, qui votèrent en faveur du droit du peuple algérien à l’indépendance. La France fut embarrassée devant l’ONU, ce qui porta un coup sévère à sa propagande coloniale.
Les manifestations renforcèrent également la position du FLN dans les futures négociations et accélérèrent la reconnaissance internationale de sa légitimité en tant que représentant du peuple algérien, poussant De Gaulle à admettre que l’indépendance était devenue inévitable, notamment après la diffusion mondiale d’images de la répression.
Internationalisation de la question algérienne et reconnaissance du FLN comme représentant légitime
Les manifestations eurent un large écho dans les forums internationaux. Les Nations unies inscrivirent pour la première fois la question algérienne à leur ordre du jour et votèrent en faveur du droit à l’autodétermination. Cette réponse internationale renforça la reconnaissance du FLN comme seul représentant légitime du peuple algérien. Elle confirma également que la révolution bénéficiait d’un soutien populaire massif et n’était pas une simple insurrection armée. La France se retrouva contrainte de s’asseoir à la table des négociations avec le FLN, préparant ainsi la voie à la reconnaissance de l’indépendance.
Les manifestations du 11 décembre 1960 ne furent pas de simples protestations, mais un moment crucial qui redessina le cours de la Révolution algérienne et rapprocha considérablement le pays de l’indépendance, obtenue moins de deux ans plus tard, après l’échec des tentatives de Charles de Gaulle de diviser le front national.
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