Nation

Message d’apaisement de Paris

Nouvelles déclarations du Premier ministre français sur les relations franco-algériennes.

  • 95
  • 2:31 Min

Le Premier ministre Sébastien Lecornu s’est exprimé ce mardi sur les relations franco-algériennes lors d’une séance à l’Assemblée nationale, en réponse à une question posée par Marine Le Pen, présidente du parti Rassemblement national.

Selon les médias français, Lecornu a déclaré : "Je ne crois pas à l'abrogation de cet accord, mais à sa renégociation", en réaction au vote symbolique du jeudi précédent, au cours duquel les députés ont adopté une proposition de résolution du Rassemblement national visant à « dénoncer » l’accord franco-algérien sur l’immigration.

Il a ajouté : « La phase de renégociation doit désormais commencer le plus vite possible », proposant de relancer la commission intergouvernementale de haut niveau de 2022, qui avait déjà reconnu la nécessité de réviser cet accord.

Le Premier ministre a également appelé à « repartir de nos intérêts plus globaux », rappelant que « la question ne se limite pas à l’immigration », en référence à la ligne dure de l’ancien ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau (Les Républicains), favorable à une politique ferme envers Alger.

Lecornu a aussi évoqué « la lutte contre le terrorisme et la coopération sécuritaire », soulignant « la montée de la menace terroriste au Sahel, les enjeux de sécurité maritime ainsi que les questions économiques ».

Envoyant des signaux d’apaisement à l’Algérie, il a tenu à souligner « le respect de la souveraineté de l’Algérie et de son gouvernement », affirmant : « Quels que soient nos désaccords, nous devons être capables de mener un dialogue sérieux qui protège nos intérêts. »

Il a par ailleurs assuré qu’il ne ferait « jamais de la question algérienne un sujet de politique intérieure en France », qualifiant ce dossier de « sujet bilatéral fondé sur le respect mutuel, qu’il faut aborder avec calme et sang-froid pour pouvoir avancer. »

Le premier ministre a conclu en rappelant que Paris restait mobilisée pour obtenir la libération de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal et du journaliste Christophe Gleizes, actuellement détenus en Algérie.

Après plusieurs mois de tensions diplomatiques, la sortie du gouvernement de Bruno Retailleau et la nomination de Laurent Nuñez au ministère de l’Intérieur, un profil jugé apolitique, ont permis ces dernières semaines un début de détente et la reprise de contacts discrets entre les deux pays.

Laurent Nuñez avait d’ailleurs reconnu samedi dernier, dans un entretien accordé au Parisien, que la politique du bras de fer menée par son prédécesseur « n’avait donné aucun résultat ». Il a déclaré percevoir des signaux positifs d’un retour au dialogue, affirmant avoir reçu une invitation de son homologue algérien.

Les relations entre Alger et Paris ont commencé à se dégrader à l’été 2024, après la reconnaissance par la France du plan marocain d’autonomie au Sahara occidental. La tension s’est encore accrue après l’arrestation de l’écrivain Boualem Sansal en novembre 2024, avant qu’une nouvelle crise n’éclate en janvier 2025, suite à l’interpellation de plusieurs influenceurs algériens en France pour « incitation à la violence », puis l’arrestation d’un employé consulaire algérien à Paris, aggravant davantage la situation.