L’ancien diplomate et ministre Abdelaziz Rahabi considère que l’Algérie a fait le bon choix en refusant d’accepter le fait accompli ou de s’aligner sur les plus puissants, dans le cadre de son mandat actuel au Conseil de sécurité de l’ONU.
Dans une publication sur sa page Facebook, consacrée au contexte de l’agression sioniste et des frappes américaines sur l’Iran, Rahabi a affirmé que l’Algérie a identifié les responsabilités dans l’escalade et appelé à privilégier les canaux diplomatiques pour la résolution des crises, dans un système international caractérisé par des compromis instables et l’arrogance des puissants au sein du Conseil de sécurité.
« Quelle voie pour l’Algérie, face à une guerre d’agression contre l’Iran, entre un Sud divisé et un Nord arrogant ? », s’est interrogé l’ancien ministre de la Communication dans sa publication.
Et à travers ce questionnement, ce qui peut être perçu comme une réponse implicite, Rahabi estime que l’Algérie a su préserver toute sa capacité à représenter ses intérêts stratégiques, dans un contexte marqué par un Sud global émergent mais divisé sur les questions diplomatiques, et un Nord ancien qui cherche à imposer sa paix par la force absolue.
Dans son évaluation du rôle de l’Algérie à l’échelle onusienne, Rahabi considère que l’Algérie a entièrement raison d’insister, à chaque occasion, sur la centralité d’un règlement final et juste de la question palestinienne, estimant que sans ce règlement, aucune paix durable ne pourra être instaurée au Moyen-Orient.
Dans son analyse, Rahabi souligne que l’Occident présente la guerre comme une "guerre préventive", alors que, selon lui, ce concept n’existe pas en droit international, et que cette guerre est menée par le même bloc occidental qui a récemment admis que son destin est lié à la suprématie d’Israël.
Ainsi, poursuit-il, Israël s’est vu confier la représentation exclusive de la défense des intérêts occidentaux au Moyen-Orient, et bénéficie d’un soutien permanent, inconditionnel et illimité. Cette posture, selon lui, n’a pas changé depuis 1948, malgré les guerres régionales (Irak, Syrie, Yémen...), les accords de paix signés avec l’Égypte sous Anouar el-Sadate, les accords d’Oslo avec l’OLP dirigée par Yasser Arafat, les accords d’Abraham, ou encore l’initiative de paix arabe proposée par l’Arabie Saoudite en 2002.
Rahabi s’est longuement arrêté sur la question de la paix absente et avortée au Moyen-Orient, affirmant que « tous ces engagements et les tentatives de normalisation exprimées par les pays arabes n’ont pas fait avancer la paix, ni protégé les Palestiniens affamés de Gaza face à un génocide toujours en cours». Il a attribué une grande part de responsabilité à ce qu’on appelle le "monde libre".
Concernant l’Iran, Rahabi a estimé que les garanties offertes par les accords de 2015, ainsi que celles fournies récemment par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), n’ont pas suffi à la protéger d’une intervention militaire massive des États-Unis, motivée par le soutien à Israël et la volonté de retarder aussi longtemps que possible l’acquisition par Téhéran de capacités nucléaires supplémentaires.
Le message est clair, selon lui,« Israël est le seul acteur au Moyen-Orient autorisé à posséder un arsenal nucléaire », précisant que cet arsenal est estimé à environ 100 têtes nucléaires et échappe à toute surveillance internationale, ce qui lui confère un avantage stratégique et renforce sa domination régionale.
Au niveau arabo-islamique, Rahabi a affirmé que même s’il est divisé, et compte de nombreux amis d’Israël ainsi que des membres ou partenaires privilégiés de l’OTAN, ce bloc incarne, dans l’imaginaire occidental, la menace principale à l’ordre international en place.
Ces inquiétudes, selon lui, continuent de façonner la pensée stratégique occidentale, dont les critères portent encore les stigmates de la guerre froide.
Et bien que les relations entre les États-Unis, Israël et plusieurs pays arabes, notamment les monarchies du Golfe, l’Égypte et le Maroc, soient excellentes, Rahabi estime que ces pays sont incapables de freiner, ne serait-ce qu’un peu, sa politique expansionniste.
Il conclut en soulignant que le seul changement notable depuis la guerre du Vietnam dans les années 1970 est que la société civile occidentale a pris conscience du fossé entre le discours de ses dirigeants et la réalité d’Israël, révélée notamment à travers ses pratiques de déshumanisation à l’encontre des Gazaouis.
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