Une décision de la Faculté des Sciences Sociales de l’Université Constantine 2, Abdelhamid Mehri, de radier 70 doctorants suscite une vive polémique
La décision prise en milieu de semaine dernière a provoqué un large mécontentement et de nombreuses interrogations au sein de la communauté universitaire, aussi bien parmi les enseignants que les étudiants.
Cette radiation s’inscrit dans une démarche de régularisation de la liste des doctorants admis et d'application de critères stricts, et a suscité des réactions partagées, entre ceux qui y voient une mesure nécessaire pour cadrer le processus éducatif, et ceux qui la considèrent comme injuste. Cette controverse met en lumière les défis liés à la gestion des programmes de doctorat dans les universités algériennes.
La situation des étudiants concernés a été tranchée lors de la réunion du 28 février 2025, dans le but de réguler la liste des doctorants de première catégorie.
Le Conseil scientifique, selon un communiqué publié sur la page officielle de l’université, a proposé la radiation des étudiants sur la base de plusieurs critères, notamment : dépassement de la durée légale d’inscription (plus de 6 ans pour les doctorants en système classique, plus de 5 ans pour les doctorants en LMD), abandon sans demande de renouvellement signée par l’encadrant, non-inscription sur la plateforme Progres, absence de tout travail compatible avec le sujet enregistré sur Progres ou non conforme à la durée d’inscription
Sur cette base, les membres du Conseil scientifique ont unanimement approuvé la radiation de 70 doctorants.
Ils ont également recommandé d’organiser des Journées doctorales pour les autres étudiants en retard qui ont dépassé les années légales sans être radiés, avec la collecte de rapports des équipes de formation et des comités scientifiques. Ces rapports seront transmis au Conseil scientifique et incluront : le niveau d'engagement de l'étudiant et de son encadrant, le degré d’avancement de la thèse, le respect de l'engagement de dépôt pour ceux ayant obtenu une prolongation.
C’est sur la base de ces trois critères que les décisions individuelles seront prises lors de la réunion du Conseil scientifique à la fin du mois de juin, ce qui a été effectivement appliqué.
Certains enseignants ont exprimé leur soutien à la décision, soulignant que « lorsqu’un doctorant n’a accompli aucun progrès quatre ans après avoir réussi le concours, il n’a plus sa place dans un programme doctoral ».
Pour eux, cette radiation concerne « ceux qui n’ont rien produit », et intervient après de nombreuses années d’opportunités.
Un autre enseignant précise que l’université a accordé des prolongations à tous ceux qui ont travaillé, même à ceux qui se sont absentés longtemps mais ont formulé une demande. « Mais si un étudiant a disparu depuis plus de 5 ans sans aucun contact, ni effort, ni recours... que peut-on encore lui offrir ? »
À l’opposé, de nombreux étudiants et enseignants ont vivement critiqué cette décision, la qualifiant d’arbitraire et « hors cadre légal ».
Ils estiment que l'été est une période décisive pour finaliser les thèses et que trois mois supplémentaires jusqu’à la rentrée universitaire ne changeraient pas grand-chose.
Certains intervenants rappellent aussi que l’échec n’incombe pas uniquement à l’étudiant, mais aussi à l’encadrant. Ils proposent donc le principe : « un étudiant exclu = un encadrant exclu », soulignant que l’encadrant « qui ne lit pas, ne discute pas, n’analyse pas, ne motive pas, ne critique pas, ne corrige pas » est aussi fautif qu’un étudiant inactif.
D’autres ont exprimé leur dégoût face à « l’orgueil affiché en radiant enseignants et étudiants, et en relayant cela sur les réseaux sociaux ».
Une comparaison avec d’autres universités montre des approches différentes. Par exemple, l’Université d’Alger 2 accorde un délai aux doctorants en retard jusqu’au 31 décembre 2025, avec exclusion possible en cas de non-respect de ce délai.
Certains enseignants estiment que cette divergence ouvre un débat sur les meilleures pratiques pour gérer les parcours doctoraux, entre rigueur académique et souplesse dans l'accompagnement, et que la controverse actuelle révèle l’urgence de trouver des solutions globales et équitables pour accompagner les doctorants dans l’achèvement de leurs thèses, tout en tenant compte des conditions spécifiques des étudiants et du rôle crucial des encadrants.
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