La septième édition de la grande campagne de nettoyage d'Alger a été lancée ce vendredi matin sous le slogan : « Nt‘awnou chwia… houmetna tebqa nqiya » (Aidons un peu… pour que notre quartier reste propre), avec la participation active des services de la wilaya d'Alger, des communes, des établissements publics, d’organisations de la société civile et de nombreux bénévoles.

Les walis délégués des circonscriptions administratives ont supervisé le lancement de l’opération à travers différentes communes, de El Harrach à Bouzareah, Draria, Chéraga, Bir Mourad Raïs, jusqu’à Bir Touta et Dar El Beïda. Cette campagne vise, selon ses initiateurs, à renforcer la propreté urbaine et à ancrer une culture de participation collective.
Au fil des années, de nombreuses figures médiatiques, artistiques, culturelles et religieuses reconnues pour leur influence dans la société algérienne ont contribué à promouvoir cette initiative. Cette année, entre autres, le chanteur Othmane Ben Daoud, le journaliste Lotfi Aïchouni, le groupe Tikoubaouine, l’animatrice radio Amal Hamdani et l’imam Cheikh Youssef Ayadi ont apporté leur soutien à cette noble cause. Leur implication vise à encourager les citoyens à participer activement à la campagne, ou du moins à l’apprécier et à la soutenir durablement, en adoptant des comportements civiques et responsables.

Mais une question persiste, malgré cette mobilisation remarquable, beaucoup de citoyens s’interrogent : pourquoi ces campagnes exceptionnelles se répètent-elles chaque année ? Est-ce le signe que la propreté n’est toujours pas devenue une pratique quotidienne et collective à Alger ?
Des effets positifs mais temporaires
Des habitants de plusieurs quartiers, interrogés à ce sujet, affirment que les campagnes précédentes ont certes eu un impact positif, mais souvent de courte durée.
Hassan M., résident d’El Harrach, confie « on se réjouit quand on voit les camions de nettoyage et les bénévoles… mais après quelques semaines, tout redevient comme avant : ordures accumulées, entretien irrégulier. »

D’autres estiment que ces campagnes ont surtout une valeur symbolique et éducative, mais qu’elles resteront insuffisantes sans suivi structuré, renforcement des ressources des entreprises de nettoyage, et sanctions claires contre les contrevenants.

Rappelons que cette campagne s’inscrit dans la continuité de six éditions précédentes lancées depuis 2018, avec des slogans variés. La première initiative a vu le jour de manière spontanée à Bologhine en 2017, sous le slogan « Naqqi houmtek » (Nettoie ton quartier), grâce à l’implication des jeunes du quartier historique de Saint-Eugène. L’idée a ensuite été reprise par d’autres communes comme Bab El Oued et Belcourt, puis adoptée officiellement par les autorités locales de la capitale.

Malgré l’engouement initial et la participation de nombreuses institutions, les évaluations sur le terrain montrent que l’impact reste limité, car le problème est plus profond qu’une simple campagne : il touche les mentalités des citoyens et l’efficacité des institutions de propreté.

Mercredi dernier, en préparation du lancement de cette nouvelle édition, le wali d'Alger, Mohamed Abdelnour Rabhi, a présidé une réunion de coordination avec l’exécutif de la wilaya. Il a insisté sur la réussite de l’opération à travers la mobilisation de tous les moyens disponibles et l’implication de tous les acteurs, y compris la société civile.
Le wali a donné des instructions strictes portant notamment sur le traitement des points noirs, le nettoyage des quartiers, rues principales, avaloirs et oueds en prévision de l’automne, la réparation des fuites d’eau, l’entretien des espaces verts et de l’éclairage public, l’enlèvement des véhicules à l’abandon, la lutte contre l’occupation illégale des trottoirs,
et une attention particulière aux caves des immeubles pour éradiquer les nuisibles.

Il a également appelé à l’instauration d’un plan d’action régulier, avec un suivi de terrain rigoureux et une sensibilisation continue des citoyens.
Entre l’ambition officielle et la réalité quotidienne, une question reste ouverte : cette septième édition sera-t-elle enfin le point de départ d’un changement durable à Alger, ou finira-t-elle, comme les précédentes, à la une des journaux ou dans des albums sur Facebook?
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