La France face à son passé colonial honteux

La France ne fait pas face uniquement aux séquelles de son passé colonial et à ses atrocités en Algérie. Tous les peuples qui en ont souffert exigent aujourd'hui leur part de justice, même si elle est symbolique, en récupérant les restes et les crânes de leurs ancêtres, qui ont été placés à des milliers de kilomètres, dans le Musée de l’Homme à Paris, comme s’ils témoignaient d’une histoire douloureuse que Paris refuse encore de reconnaître.

Comme l'Algérie réclame la restitution des crânes des résistants et de ses archives, les crânes du roi Toera et de deux guerriers Sakalava tués en 1897 et 1898 lors de l'invasion française de Madagascar devraient être restitués en août, marquant ainsi la fin d’un long processus entamé en 2003.

De nombreuses têtes et bustes moulés d'esclaves ont été emportés en 1840 au hôpital colonial de Saint-Denis de Bourbon, et après plusieurs décennies, elles ont été obtenues sous forme de crânes et de moules par le Musée d'Histoire Naturelle de Paris. Elles se trouvent aujourd’hui au Musée de l’Homme à Paris, avec des indications concernant les origines supposées ou réelles de ces personnes, parfois liées à Madagascar, parfois à la Mozambique, leurs origines dans les colonies françaises étant en partie ignorées.

Ces pratiques révèlent l'arrogance avec laquelle la France traitait les peuples des colonies, une arrogance qui persiste encore aujourd'hui, soutenue par des responsables français issus de l’extrême droite, qui pleurent sur les vestiges du passé colonial et insistent sur une vision dégradante des peuples et des nations qui ont arraché leur indépendance par la lutte et le sacrifice.

L'Algérie réclame la restitution des crânes des résistants qui sont conservés au Musée de l’Homme, dans le cadre du programme de restitution des biens historiques et des archives. Cette revendication a été soutenue par certaines organisations, telles que le Conseil des Organisations Non-Gouvernementales Franco-Algériennes, qui regroupe diverses ONG et de nombreuses personnalités françaises et algériennes. Elles ont lancé une pétition demandant au gouvernement français de restituer les crânes des combattants algériens, 170 ans après leur transfert de l'Algérie vers la France par les troupes coloniales françaises.

La pétition a également appelé le président français Emmanuel Macron à tenir ses engagements, annoncés lors de sa campagne présidentielle précédente, pour achever le processus de restitution de plus de 500 crânes actuellement conservés dans les réserves du musée, après le retour de seulement 24 d’entre eux en juillet 2020. Ceci après l’adoption par l'Assemblée nationale française, le 26 décembre 2023, d’une loi qui prévoit la restitution des restes des combattants pour l'indépendance à l'Algérie.