Nation

Interdiction des déclarations médiatiques : Le CNES brise le silence

"Les répercussions liées à l’affaire de Mohamed El Amine Belghit"

  • 87
  • 2:56 Min

Le Conseil National des Enseignants du Supérieur (CNES) a exprimé son indignation face à la note émise par le doyen de la faculté des sciences sociales et humaines de l’université de Chlef, interdisant aux enseignants du département d’histoire de faire des déclarations à des médias étrangers sans autorisation préalable de l’administration. Certaines lectures ont ensuite été démenties, et le contenu du document a été clarifié.

Dans un communiqué publié ce samedi, le Conseil a qualifié cette décision de "précédent extrêmement grave" tant au niveau national qu’international, estimant qu’elle risque de nuire à la valeur de l’université algérienne sur la scène internationale et de la rendre objet de moquerie et de harcèlement.

Le Conseil, présidé par Abdelhafid Milat, a affirmé que les libertés académiques en Algérie sont un droit constitutionnel et fondamental pour les membres de la communauté académique, conformément à l’article 75 de la Constitution algérienne. Cet article leur permet d’exercer leurs fonctions académiques et de recherche librement et sans censure, à condition de ne pas porter atteinte à l’ordre public ni aux droits d’autrui.

Ces libertés incluent, selon le Conseil, la liberté de recherche, de pensée, d’opinion et d’expression, ainsi que la liberté d’enseignement et de prise de décision académique. Il a souligné que cet acte étrange du doyen est complètement isolé de la politique du ministère et même de celle de l’université elle-même, et tient pour responsable ce doyen, qui a, selon lui, "gravement nui à l’image de l’Algérie d’abord, puis à celle de l’université algérienne ensuite".

Le Conseil a appelé le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique à intervenir pour mettre un terme à ceux qui portent atteinte à la réputation de l’université algérienne par des instructions absurdes, qui enfreignent les libertés constitutionnelles académiques ou la dignité des plumes qui défendent la patrie.

Dans ce qui semble être une allusion implicite à l’affaire de l’enseignant en histoire Mohamed El Amine Belghith, le communiqué indique : "Même si certains enseignants universitaires – une minorité très restreinte – ont été induits en erreur par les médias étrangers, la grande majorité des enseignants algériens ont toujours été la voix de l’Algérie, défendant ses principes et sa politique intérieure et extérieure".

La faculté des sciences humaines et sociales de l’université de Chlef avait émis une note interdisant aux enseignants du département d’histoire de faire des déclarations aux médias étrangers sans autorisation préalable, en justifiant cette décision par la nécessité de protéger l’image de l’institution et d’assurer la cohérence du discours académique avec les orientations de l’État. Cette note a suscité une vive controverse et un rejet dans le milieu universitaire, avant que la faculté ne publie un communiqué ce samedi pour clarifier que la mesure ne concernait que les déclarations faites au nom de l’université.

Elle a ajouté qu’elle n’a jamais interdit et n’interdira jamais aux membres du corps enseignant de faire des déclarations ou de participer à des émissions dans les médias nationaux ou étrangers, conformément au respect de la liberté d’expression garantie par la Constitution algérienne.

Cette affaire est implicitement liée à celle de l’enseignant en histoire Mohamed El Amine Belghit, qui avait fait des déclarations à une chaîne émiratie niant l’existence de l’amazighité en Algérie, la qualifiant de création sioniste et française. Cela a conduit à des poursuites judiciaires à son encontre avec de lourdes accusations et à son placement en détention provisoire, sur la base d’atteinte à l’unité nationale, de diffusion de discours haineux, et d'autres crimes évoqués dans un communiqué du tribunal de Dar El Beïda à Alger.