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Nouvelle-Calédonie : premier accord vers l’indépendance définitive de la France

Après un accord entre les forces politiques de l’archipel et les autorités françaises, il a été convenu de créer un État au sein de l’État français

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L’ancienne colonie française, la Nouvelle-Calédonie – territoire qui avait servi de lieu d’exil pour des centaines d’Algériens durant l’ère coloniale – a franchi une étape importante sur la voie de l’indépendance définitive. Cela fait suite à un accord conclu, samedi dernier, entre les forces politiques de l’archipel situé au sud de l’océan Pacifique et les autorités françaises, prévoyant la création d’un État au sein de l’État français, avec l’instauration d’une nationalité spécifique, entre autres dispositions.

L’accord est intervenu après dix jours de discussions entre les partis politiques calédoniens et les autorités françaises, en banlieue parisienne. Il a abouti à ce que la presse française qualifie d’accord « historique », reflétant souvent la version officielle de l’État français.

Bien que cet accord ait ouvert la voie à la création d’un État – une idée autrefois jugée inacceptable et impossible par les Français, selon les termes du penseur Wael Hallaq – le document, dont des extraits ont été publiés par Le Monde, maintient que l’État baptisé « Nouvelle-Calédonie » fera toujours partie de la République française. Cette configuration jugée « étrange » illustre, selon certains, l’attachement persistant de la France à l’esprit colonial et sa tentative de contourner la volonté des peuples.

Le modèle de « deux États » établi à Bougival, à l’ouest de Paris, définit les liens entre « l’exil » et Paris, et prépare l’instauration d’un nouveau système politique dans l’archipel, basé sur une large autonomie. Ce processus est l’un des premiers résultats concrets du mouvement indépendantiste qui s’est intensifié ces dernières années, avec des manifestations et des affrontements avec les forces de l’ordre ayant causé la mort de 14 personnes et des dégâts estimés à plus de deux milliards d’euros, selon des sources non officielles.

L’accord prévoit l’inscription du nouveau statut dans la Constitution française, la création d’une nationalité calédonienne qui conférera une double citoyenneté – française et calédonienne – aux habitants, ainsi qu’un ensemble de réformes économiques ciblant les secteurs clés de l’économie locale, notamment l’industrie du nickel, pilier économique du territoire.

L’un des points essentiels de l’accord est de conférer au Parlement calédonien le droit de demander le transfert de certaines compétences souveraines depuis Paris, notamment dans les domaines de la défense, de la sécurité, de la justice et de l’économie.

Par ailleurs, la compétence des affaires étrangères sera immédiatement transférée au gouvernement local, tandis que le droit à l’autodétermination restera garanti conformément au droit international.

Alors que les partis loyalistes et le parti du Rassemblement – opposés à l’indépendance – ont qualifié l’accord d’« historique » dans un communiqué commun, les partisans de l’indépendance ont exprimé leurs regrets face aux « concessions douloureuses » exigées, tout en reconnaissant que ce compromis « respecte la volonté souveraine exprimée par les Calédoniens » lors des trois référendums sur l’indépendance de 2018, 2020 et 2021, malgré le fait que la Nouvelle-Calédonie ait été transformée en un État intégré à la République française.

Cité par Le Monde, le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, a déclaré que cet accord est « essentiel pour assurer la stabilité politique et reconstruire la Nouvelle-Calédonie sur les plans économique et social », ajoutant que « toutes les parties ont consenti à des concessions douloureuses pour parvenir à ce compromis ».