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Le « MAK » est-il devenu un fardeau sécuritaire pour Paris ?

Bien que le « MAK » soit classé comme organisation terroriste en Algérie, la France ne l’a pas inscrit sur sa liste des organisations terroristes et a continué à lui offrir un espace d’activité ainsi qu’un refuge servant à la coordination entre ses membres et les forces hostiles à l’Algérie

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La décision des autorités françaises, représentées par la préfecture des Yvelines en banlieue parisienne, d’interdire la tenue du rassemblement que le mouvement terroriste « MAK » comptait organiser hier au Palais des congrès de la ville de Versailles, dans le but de proclamer un prétendu « indépendance de la Kabylie vis-à-vis de l’Algérie », constitue-t-elle une nouvelle position de Paris à l’égard de ce mouvement ?

La décision, prise un jour avant l’événement et fondée sur des considérations liées à la sécurité et à l’ordre public, intervient alors que des observateurs ont estimé que cette interdiction était liée à la « crainte que le rassemblement ne provoque des affrontements dans la rue française entre des membres de la communauté opposés à cette démarche et les partisans de cette illusion ».

Le plan du mouvement, qui a fait de la France son siège et sa base principale d’activités, visait à organiser une cérémonie symbolique de proclamation de l’indépendance de la région, ce qui a suscité une large controverse dans les milieux politiques et médiatiques et provoqué une vague massive de rejet et de condamnation, notamment en Kabylie et de la part de l’ensemble des forces politiques nationales.

La décision d’interdiction est intervenue dans un contexte de fortes tensions dans les relations algéro-françaises, en raison de la grande sensibilité que suscitent de telles initiatives, lesquelles ont approfondi le fossé entre les deux pays et constitué l’un des principaux dossiers ayant entravé la coordination et la coopération sécuritaire en particulier. Il convient de rappeler que l’Algérie avait émis des mandats d’arrêt internationaux contre le chef du mouvement séparatiste terroriste, Ferhat Mehenni, et ses complices, mais que les autorités françaises avaient refusé d’y donner suite, continuant à lui assurer protection ainsi qu’à son projet subversif visant l’Algérie.

L’Algérie avait anticipé ce prétendu plan de partition en classant le « MAK » comme organisation terroriste dès 2021, en raison de l’implication du mouvement dans des actes de violence et de sabotage menaçant la sécurité nationale, notamment les grands incendies qui ont ravagé la Kabylie et d’autres régions durant l’été 2021. En août de la même année, la région avait été frappée par une série d’incendies de forêts ayant coûté la vie à des dizaines de citoyens et causé d’importants dégâts aux biens naturels et humains.

À l’époque, des accusations avaient été portées contre des cellules du « MAK » pour leur participation à l’allumage des incendies ou leur incitation, et les médias officiels avaient diffusé des aveux de personnes arrêtées appartenant à ces groupes, notamment celles impliquées dans le meurtre et l’immolation du volontaire décédé, originaire de la ville de Miliana (Aïn Defla), Djamel Ben Ismaïl.

Ces accusations ont été liées à des tentatives de déstabilisation de la sécurité et de la stabilité, considérant que les incendies n’étaient pas de simples catastrophes naturelles, mais portaient des motivations politiques évidentes.

Par la suite, plusieurs témoignages et documentaires officiels ont établi un lien entre l’activité du mouvement et des influences extérieures hostiles, notamment du Maroc et de l'entité sioniste. Des informations sécuritaires précises ont également confirmé que le mouvement bénéficiait du soutien de ces parties dans le cadre de son plan visant l’Algérie, ce qui a constitué l’une des raisons ayant conduit l’Algérie à rompre ses relations diplomatiques avec le Maroc en 2021.

En août 2024, le terroriste arrêté Moussa Zaïdi a révélé que l’organisation « MAK », protégée en France, entretenait des relations étroites avec des États et des entités hostiles à l’Algérie. Il a affirmé que la cargaison d’armes saisie au port de Béjaïa, en provenance du port de Marseille, était destinée à cibler la rentrée sociale et les élections présidentielles anticipées.

Selon le documentaire diffusé par la Télévision algérienne, intitulé « Le mouvement terroriste MAK… les mains de la trahison et de la collaboration », Zaïdi a reconnu que le mouvement projetait de cibler des rassemblements populaires durant la campagne électorale afin de semer le chaos et la confusion parmi les citoyens. Il a indiqué que les dirigeants du mouvement, sous la conduite de Ferhat Mehenni, s’orientaient vers l’action armée à l’avenir, et qu’il était devenu responsable de la logistique et de l’approvisionnement en armes depuis 2022.

Zaïdi a également précisé que le mouvement avait bénéficié d’un soutien officiel français pour des activités de rue en France, menées sans autorisation, et qu’il disposait d’un réseau d’agents et d’infiltrés en France et en Algérie pour faciliter ses opérations criminelles, en plus de relations suspectes avec des cercles du Makhzen, des Émirats et de l’entité sioniste.

Malgré l'inscription du « MAK » comme organisation terroriste en Algérie, la France ne l’a pas inscrit sur sa liste des organisations terroristes et a continué à lui offrir un espace d’activité et un refuge pour coordonner avec des forces hostiles à l’Algérie. Toutefois, la récente décision d’interdiction reflète l’attention portée par les autorités françaises aux activités publiques du mouvement et leur traitement comme une menace potentielle pour l’ordre public. Cette évolution est perçue avec méfiance du côté algérien, d’autant plus qu’il ne s’agit ni d’un geste de confiance ni d’un rapprochement en matière de coopération, mais plutôt de la crainte française de voir cette organisation devenir un fardeau pour Paris et une source de troubles menaçant l’ordre public, notamment en cas de mobilisation de la communauté algérienne opposée à ce mouvement, ce qui en ferait un risque sécuritaire potentiel.