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Guerre des générations hybrides : Entre guerre d’usure et affrontement symétrique

Il y a une prise de conscience claire que ce qui se déroule actuellement n’est pas une simple série de frappes militaires ou un conflit limité, mais bien une guerre existentielle globale.

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La confrontation entre l’Iran et l’entité sioniste connaît une évolution remarquable, qui reflète une transformation dans la nature des conflits modernes, où se mêlent les stratégies de « morsure des doigts » (guerre d’usure), la guerre symétrique et hybride, créant ainsi une équation sécuritaire complexe différente des guerres traditionnelles, en plus de l’emploi de la guerre de l’information.

Cette guerre constitue un reflet de l’excès de puissance que vit l’entité après le Déluge d’Al-Aqsa en octobre 2023, où elle en est venue à croire qu’elle disposait d’un surplus de force lui permettant d’aller loin dans ses agressions et dans sa logique expansionniste sans dissuasion, d’autant plus qu’elle bénéficie d’un soutien occidental et d’une couverture américaine, dans un contexte de préparatifs visant à réorganiser et redessiner la carte de la région en accord avec le projet du Nouveau Moyen-Orient dans sa nouvelle formule.

Il y a une prise de conscience que ce qui se passe n’est pas de simples frappes militaires ou une guerre limitée, mais bien une guerre existentielle globale, dont l’objectif stratégique est de faire tomber le régime iranien au maximum, ou de le briser et l’affaiblir au minimum, afin qu’il se soumette et accepte l’hégémonie américano-sioniste dans la région.

Le succès de l’entité dans la destruction du consulat iranien à Damas, l’assassinat du président iranien Ebrahim Raïssi et de son ministre des Affaires étrangères Hossein Amir Abdollahian, ainsi que l’assassinat du secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah, les frappes ciblées à l’intérieur de l’Iran ayant conduit à l’assassinat d’Ismaïl Haniyeh et de plusieurs scientifiques dans le domaine du nucléaire, les incursions sionistes répétées à l’intérieur syrien, la destruction complète des capacités de l’armée syrienne après la chute du régime à Damas, et l’occupation de zones en Syrie, tous ces éléments ont conduit Netanyahou à penser que la voie était libre pour réaliser son rêve de dominer le Nouveau Moyen-Orient, que les administrations américaines successives ont cherché à dessiner par la force.

Cette stratégie représente l’approche préférée de l’entité sioniste face aux menaces iraniennes, reposant sur des frappes limitées et intermittentes, selon le principe du « choc et effroi », visant à affaiblir l’adversaire sans entrer dans une confrontation généralisée, en ciblant le système de commandement et de contrôle, tout en évitant les coûts politiques et militaires élevés, en se concentrant sur les assassinats, les opérations secrètes, la création d’une vulnérabilité sécuritaire à travers des infiltrations, des réseaux internes et l’exploitation d’opposants.

Cela est apparu clairement dans l’assassinat des scientifiques nucléaires iraniens, les cyberattaques contre les installations nucléaires, et le sabotage d’infrastructures industrielles sensibles.

Cependant, l’absorption par l’Iran de la première frappe, sa réorganisation interne, et l’établissement d’un équilibre de dissuasion ont transformé l’affrontement en un modèle de guerre symétrique et de confrontation directe.

Avec l’escalade, nous avons assisté à un basculement vers une guerre symétrique, caractérisée par l’utilisation directe d’armes conventionnelles, le ciblage des infrastructures militaires et vitales, et le recours aux missiles balistiques et aux drones.

Cela a consacré une confrontation ouverte entre deux armées régulières, contrairement aux précédentes confrontations de l’entité, qui relevaient du modèle de guerres asymétriques, ce qui s’est manifesté par les échanges de frappes de missiles, le ciblage des installations nucléaires et militaires, et les menaces directes entre les deux directions politiques.

La confrontation actuelle entre l’Iran et l’entité représente un modèle parfait de guerre hybride, mêlant moyens militaires, politiques, économiques, guerre cybernétique en tant qu’outil stratégique, et guerre psychologique et médiatique intense.

Cela se manifeste dans les cyberattaques réciproques, la guerre médiatique et de propagande, tandis qu’émerge la stratégie de « morsure des doigts » de la part de l’entité pour éviter la confrontation totale, s’appuyant sur la supériorité technologique et sécuritaire et utilisant la guerre hybride à travers des cyberattaques et des assassinats.

De son côté, l’Iran a recours à la guerre symétrique pour imposer la dissuasion, après avoir longtemps utilisé la guerre hybride par l’intermédiaire de ses alliés régionaux, en employant les missiles balistiques comme principal levier de pression.

Il convient de noter qu’il s’agit de la première guerre directe que mène l’Iran sur son territoire depuis plus de trente ans — une guerre non conventionnelle à tous les niveaux : géopolitique, militaire et du renseignement.

La guerre tend désormais à redéfinir les concepts de dissuasion dans la région, à changer les équilibres des forces régionales, et à tester les modèles de guerre moderne.

Téhéran frappe le cœur sensible de l’entité

Dans une escalade qualitative du conflit en cours, l’Iran a mené une série de frappes précises visant des centres vitaux au cœur de l’entité sioniste, notamment les infrastructures technologiques et militaires, marquant ainsi une évolution stratégique dans la nature de la confrontation.

Les frappes iraniennes se sont concentrées sur la zone "CyberSpark" à Beer-Sheva, qui abrite le complexe "Gav-Yam 4", spécialisé en cybersécurité, une installation de sécurité biologique attenante à l’hôpital Soroka, ainsi que le parc technologique Gav-Yam Negev. L’Iran a utilisé dans ces frappes des missiles balistiques munis d’ogives pesant plus de 300 kilogrammes, causant d’importants dégâts aux installations ciblées.

Les attaques iraniennes du huitième jour de la guerre ont inclus 23 missiles tirés lors de la dernière salve, ciblant des zones sensibles à Haïfa, Gush Dan et Jérusalem, avec un impact direct sur le complexe des ministères gouvernementaux à Jérusalem, provoquant des blessés dans plusieurs régions.

Ces frappes constituent un tournant qualitatif dans la confrontation, à travers le ciblage des infrastructures technologiques et militaires, la destruction de centres de recherche et d’installations vitales, et l’envoi d’un message clair sur la capacité iranienne à atteindre des cibles sensibles.

Le Corps des Gardiens de la Révolution islamique (CGRI) a annoncé que la 17e vague de l’opération "Promesse fidèle 3" comprenait des frappes combinées avec des missiles longue portée, alors que les pressions internationales s’intensifient pour contenir l’escalade.

Les rapports indiquent que l’Iran dispose d’un arsenal de 2 000 à 3 000 missiles, avec une capacité de production atteignant 10 missiles par jour, au moment où le ciblage de l’infrastructure technologique représente un coup dur pour les capacités défensives de l’entité sioniste.

L’escalade actuelle soulève plusieurs scénarios, notamment l’élargissement du champ de la confrontation ou une intervention internationale pour contenir la crise.

Ces frappes s’inscrivent dans le cadre de l’intensification de la confrontation directe entre les deux parties, et des tentatives de briser l’équilibre stratégique, alors que l’Iran cherche à établir une dissuasion effective. Ces développements marquent une nouvelle phase dans le conflit irano-sioniste, avec des signes évidents de la volonté iranienne de relever le niveau de confrontation et de frapper des cibles stratégiques au cœur de l’entité sioniste.