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Le SG du FLN réagit au mouvement de contestation

Le secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), Abdelkrim Benmabrouk, a révélé que ceux qui ont échoué à se faire une place à la base du parti, habitués aux nominations par le haut, recourent désormais à des méthodes illégales.

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Abdelkrim Benmabrouk, secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), a évoqué dans un entretien avec El Khabar des mesures relatives à l’utilisation illégale du logo et du symbole du parti par des individus n’ayant aucune qualité légale, ainsi que la possibilité d’activer les commissions de discipline.

Benmabrouk a refusé de commenter longuement la pétition de protestation et la vidéo récemment diffusée au sujet de la création d’un prétendu « comité de sauvetage du parti », qui appelait à la tenue d’un congrès extraordinaire. Il s’est contenté de répondre de manière allusive lors d’un entretien avec El Khabar :

« Le parti poursuit le processus de restructuration. Ceux qui ont échoué à se faire une place à la base en sont responsables. Certains sont habitués à sauter par-dessus les militants grâce à des nominations par le haut».

Vous avez constaté la diffusion d’une pétition et d’une vidéo de membres du parti avec plusieurs revendications, dont la tenue d’un congrès extraordinaire. Quelle est votre réaction ?

Pour nous, la priorité est à la restructuration du parti, qui vise à sortir de l’état de « transition » ayant duré près de 15 ans. Cette situation a donné au secrétaire général des pouvoirs de nomination illimités, ce qui a affaibli les mécanismes de contrôle et permis à n’importe qui d’accéder à des postes sans remplir les conditions requises. Cela a privé le parti de la représentation dans 310 communes en 2021.

Le retour à la légitimité à travers les Mouhafadhas (préfectures) et les Kismates (sections) est un réel défi, et il est naturel que cela suscite des résistances, surtout de la part de ceux qui, habitués aux nominations, n’ont pas réussi à s’imposer à la base et recourent maintenant à des pratiques illégales.

Après ma désignation comme secrétaire général, j’ai pris la décision d’aller vers une véritable restructuration, en sachant que nous aurions à affronter des individus ayant utilisé le parti comme un registre de commerce, et d’autres qui ont monopolisé les Kismates pendant près de 30 ans, bloquant ainsi l’ascension de jeunes cadres désireux de rejoindre nos rangs.

Ces pratiques émanent principalement de ceux qui sont incapables de partir de la cellule de base, et qui n’ont pas réussi à rassembler des militants autour d’eux au premier niveau de l’organisation. J’aimerais souligner que l’utilisation illégale du logo et du symbole du parti constitue une usurpation de fonction, exposant son auteur à des poursuites judiciaires. Le parti se réserve ce droit.

Cela signifie donc que les contestataires sont ceux qui ont échoué à s’imposer dans le processus de restructuration à la base ?

C’est clair. En tant que direction, je supervise simplement le processus. Ceux qui n’ont pas franchi les étapes de la restructuration doivent en assumer la responsabilité. Je n’ai jamais intervenu dans ce processus par nomination ou recommandation.

J’aurais pu laisser le parti dans une situation transitoire, mais jusqu’à quand ? Cela ne serait pas digne de quelqu’un soucieux de l’intérêt du parti et du pays.

Nous avons donc entamé, juste après les élections présidentielles, un processus de restructuration partant de la base, c’est-à-dire la formation de cellules dans les quartiers, villages et hameaux. Ce système, arrêté dans les années 1980, a été relancé depuis le 11e congrès. Tous les militants y ont adhéré en repartant sur un pied d’égalité.

Durant cette phase, nous avons constaté certaines irrégularités comme le refus de délivrer des cartes d’adhésion ou de remettre les tampons nécessaires. Nous avons traité ces cas sur la base de rapports émanant des superviseurs et observateurs désignés pour encadrer le processus.

Après la formation des cellules (composées de 9 à 15 membres, dirigées par un président, un adjoint et un rapporteur), une assemblée générale est autorisée pour élire le bureau de la Kismate, qui à son tour élit ou désigne le secrétaire de la section.

Nous sommes actuellement à la deuxième phase, celle des Kismates. Ensuite viendra la restructuration des Mouhafadhas via une assemblée générale regroupant les bureaux des Kismates. C’est l’ultime étape.

Ceux qui n’ont pas pu s’intégrer à ce processus n’ont donc qu’eux-mêmes à blâmer. Certains ne connaissent que les nominations par le haut et n’ont jamais eu de lien réel avec la base.

Aujourd’hui, en ouvrant largement les portes à de nouveaux adhérents, ces individus perdent leurs repères.

Des sanctions sont-elles prévues à travers les commissions de discipline pour ceux qui ont entravé la restructuration ou diffusé la pétition et la vidéo ?

C’est une option envisageable, mais elle ne sera abordée qu’une fois les structures stabilisées, et chaque cas sera traité individuellement. Tous ceux qui ont commis des fautes ne seront pas forcément traduits devant un comité de discipline. Quant à ceux dont vous parlez, je ne les considère même pas. S’ils n’ont pas pu se faire une place dans leur propre commune, ce n’est pas au secrétaire général d’y remédier. Le processus commence à la cellule, puis la Kismate et ensuite la Mouhafadha.

Vous-même avez été écarté à une époque ?

Oui, j’ai été marginalisé et victime d’injustices, mais je n’ai jamais eu recours à des pratiques qui sèment le trouble ou divisent, ni à des comportements de comédie. J’ai poursuivi mon engagement au sein du parti dans le respect de la légitimité.

Je précise aussi que certains portent des condamnations judiciaires et doivent se conformer à la loi. D’autres viennent de partis différents, auxquels nous avons ouvert les portes. Ils doivent maintenant faire preuve de patience jusqu’à ce qu’ils remplissent les conditions requises pour accéder à des responsabilités.