Chroniques

Trump, le candidat… et Trump, le président

Il semble que le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, prévu pour le début de l’année prochaine, verra la concrétisation de certaines politiques et idées évoquées durant sa campagne électorale.

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Il semble que le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, prévu pour le début de l’année prochaine, verra la concrétisation de certaines politiques et idées évoquées durant sa campagne électorale. Toutefois, bon nombre d’illusions et d’attentes risquent également de s’évaporer.

Tout d’abord, il faut reconnaître que le principal atout du « président de retour » est le large mandat électoral dont il bénéficie, renforcé par la reprise de la majorité au Sénat par son parti républicain, ainsi que par le maintien de cette majorité à la Chambre des représentants. Cela signifie qu’il sera soutenu – et non freiné – par le corps législatif, un organe crucial dans la vie politique américaine.

Sur le plan politique, Trump devra se concentrer davantage sur les affaires intérieures, en accord avec sa vision et les attentes de ses électeurs. Il mettra donc l’accent sur l’économie et sur une politique migratoire stricte, ce qui réduira considérablement l’influence de sa présidence sur la scène internationale.

Trump revient au pouvoir dans un contexte mondial explosif : une guerre d’extermination menée par l’entité sioniste à Gaza et au Liban, une guerre toujours en cours en Ukraine, ainsi qu’un conflit latent mais intense entre les États-Unis et la Chine. Ces fronts brûlants sont tous en quête de résolution ou, du moins, de désescalade. Trump appréhende ce désordre global selon deux perspectives : l’une pessimiste, qui le pousse à revenir à sa doctrine « America First » adoptée lors de son premier mandat, et l’autre, plus optimiste, qui le motive à exploiter le « vide de leadership » sur la scène internationale afin de bâtir un « héritage politique ». Il caresse sans doute l’idée d’être le dirigeant du changement positif, celui qui apporte des « solutions » après les « catastrophes » causées – ou non empêchées – par son prédécesseur, Joe Biden.

La politique étrangère ne sera donc probablement pas une priorité ni une source de surprises. Ses grandes lignes sont déjà perceptibles : une feuille de route pour mettre fin à la guerre en Ukraine, prenant en compte les réalités du terrain imposées par Poutine ; un alignement avec Israël contre la résistance à Gaza et au Liban, mais dans le cadre d’un vaste plan (version renouvelée du « Deal du siècle ») pour mettre fin au conflit et relancer les accords de normalisation ; le retour à une politique de « pression maximale » contre l’Iran ; un retrait des engagements climatiques ; et enfin, un soutien militaire aux alliés européens. Toutefois, son obsession majeure durant cette prochaine présidence sera la croissance de l’économie chinoise, appelée à dépasser celle des États-Unis dès 2030, soit deux ans après la fin de son second mandat.

Mais plusieurs faiblesses risquent de compromettre la mise en œuvre de ses politiques. D’abord, son âge : Trump reviendrait au pouvoir à 78 ans, avec une énergie moindre que celle affichée lors de son premier mandat, qu’il avait entamé à 70 ans. Ensuite, il y a le facteur de la « mandature disjointe » : il devra consacrer un temps précieux à une phase d’adaptation et de réajustement avant de pouvoir réellement agir – un handicap considérable étant donné la brièveté de son mandat (4 ans non renouvelables).

Le véritable « obstacle » pour Trump pourrait être d’ordre idéologique et conceptuel. L’homme est venu à la politique par le biais des affaires et des médias. Il est devenu une figure marquante, voire une anomalie, sur la scène politique, jusqu’à éclipser son propre parti. Sa notoriété et ses antécédents ont pris le pas sur une véritable pensée politique inspirée de modèles historiques ou de doctrines structurées. La plupart des analystes s’accordent à le classer dans le populisme, l’extrême droite, l’isolationnisme, voire dans une posture de confrontation. Cela signifie que ses effets peuvent être bruyants et spectaculaires, mais ils resteront sans doute superficiels et éphémères, sans profondeur ni prolongement durable.