La Mosquée de Paris a pris position au sujet du rapport élaboré par 29 sénateurs du parti de droite Les Républicains, un rapport contenant des propositions et recommandations visant à lutter contre ce que les auteurs qualifient d’« infiltration islamiste ».
Dans un communiqué signé par son recteur, Chems-Eddine Hafiz, la Grande Mosquée de Paris – en tant que principal espace représentant les musulmans en France – a exprimé sa vision quant à ce rapport qui a suscité une large polémique dans la rue française et provoqué une vague de condamnation au sein de la communauté musulmane dans toute sa diversité.
La Mosquée de Paris a estimé que le document porte atteinte aux libertés fondamentales et stigmatise une communauté religieuse entière, affirmant que la laïcité ne signifie pas l’abolition de la pratique religieuse, mais garantit au contraire la liberté de croyance pour tous.
Parmi les propositions les plus controversées du rapport figurent l’interdiction du port du voile pour les filles de moins de 16 ans, ainsi que l’interdiction du jeûne du Ramadan pour les mineurs de moins de seize ans, sous prétexte de « protection de l’enfance », en plus d’autres mesures.
En réponse à ces propositions, l’institution religieuse a rappelé dans son communiqué que « le jeûne est une obligation religieuse soumise à des conditions précises et ne s’applique qu’à l’âge de la puberté », soulignant que la recommandation du rapport concernant ce pilier de l’islam est inappropriée, hors contexte, et révèle que le document a été préparé de manière hâtive, sans étude, et avec des arrière-pensées politiciennes.
Le communiqué indique également que la plupart des recommandations du rapport visent à « imposer un contrôle généralisé sur les familles et les mosquées », estimant qu’elles ciblent les croyants ordinaires plutôt que les extrémistes, et constituent une atteinte à la liberté de conscience, à la Constitution et à la dignité de millions de musulmans.
Selon la direction de la Mosquée de Paris, ces propositions préparent l’instauration d’un régime d’exception visant une communauté religieuse en particulier. Leur mise en œuvre impliquerait, selon le recteur, « la création d’une force chargée d’entrer dans les foyers, de vérifier si les enfants mangent pendant le Ramadan, et de contrôler les vêtements dans les espaces publics — autant d’atteintes graves à la vie privée ».
Plus grave encore, selon le recteur, le rapport mélange religion et idéologie, foi et extrémisme, et adopte une logique de stigmatisation anticipée des familles, des quartiers et des mosquées, sans distinguer entre croyants pacifiques et extrémistes.
Le communiqué souligne que « la France a besoin d’un débat apaisé et d’un modèle de vivre-ensemble fondé sur le respect et la dignité, et non d’un texte qui divise, éloigne les gens et suscite la suspicion ».
Le groupe de sénateurs à l’origine du rapport part du postulat selon lequel « l’islamisme constitue un obstacle à la cohésion sociale » et que la France doit se doter « des moyens nécessaires pour lutter contre ce danger ».
Les propositions ne s’arrêtent pas là : elles appellent également à transférer la compétence de délivrance des visas au ministère de l’Intérieur, afin de garantir « une cohérence entre l’accès au territoire français et le contrôle des étrangers », ainsi qu’à l’audition systématique des deux époux avant la validation des mariages par les autorités consulaires françaises.
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