Le dirigeant du Front de libération de l’Azawad au Mali, El-Abbas Ag Intalla, a adressé, dans la soirée de ce samedi, un message au président turc Recep Tayyip Erdoğan, lui reprochant son soutien et l’armement des régimes des pays du Sahel, utilisés – selon lui – contre les musulmans dans leurs propres pays. Il l’a appelé à revoir sa position et à choisir de se tenir aux côtés des peuples musulmans opprimés, et non de ceux qui les persécutent.
En sa qualité de responsable de la réconciliation au sein du front, El-Abbas a exprimé, dans un message publié par l’organisation, sa profonde stupéfaction face à ce qu’il considère comme une contradiction flagrante entre le discours islamique d’Erdoğan et ses positions politiques et concrètes, faisant ainsi référence à l’approche turque vis-à-vis des trois pays du Sahel africain, et en particulier à la souffrance des musulmans dans ces pays.
S’adressant directement au président turc, il déclare qu’« En tant que partie intégrante de la nation islamique que vous avez toujours proclamé défendre et soutenir, nous nous demandons comment la Turquie – qui s’est présentée comme le défenseur des opprimés – peut fournir des drones et du matériel militaire à des régimes impliqués dans des campagnes de répression et de génocide contre un peuple musulman sans défense, dont le seul tort est de revendiquer ses droits légitimes à la liberté, à la dignité et à la justice ? »
Il ajoute « comment celui qui brandit l’étendard de l’islam, et qui parle au nom de la justice, peut-il envoyer des armes à ceux qui tuent des musulmans ? Comment la Turquie peut-elle devenir, même involontairement, un partenaire dans la répression d’un peuple musulman qui a longtemps souffert d’exclusion, de discrimination et de brutalités, traité comme un étranger dans son propre pays ? »
Selon les Azawads, cette contradiction n’affaiblit pas seulement la confiance des musulmans dans le leadership turc, mais ternit également l’image de l’islam que la Turquie cherche à promouvoir sur la scène internationale.
L’auteur du message poursuit en interpellant Erdoğan « le peuple turc, qui s’est courageusement tenu à vos côtés lors de la tentative de coup d’État de 2016, sait-il que son gouvernement fournit aujourd’hui un appui militaire aux chefs de coups d’État qui ont pris le pouvoir par la force, après avoir renversé des présidents élus, comme vous ? N’est-ce pas là une trahison de l’histoire, un reniement des principes fondateurs de votre État, et une grande désillusion pour l’espoir que la nation avait placé en vous ? »
Il appuie son propos par des versets coraniques et un hadith du Prophète Mohammed (paix et bénédictions sur lui), soulignant que l’histoire retiendra les positions des dirigeants, soit dans les pages de gloire, soit dans les registres de honte et de déshonneur.
Ce message du leader influent du nord malien intervient dans un contexte de conflit armé entre les mouvements de l’Azawad, réunis sous la bannière du Front de libération de l’Azawad, et l’armée malienne, sous les ordres de l’autorité militaire de transition, qui a utilisé des drones turcs pour mener des frappes aériennes contre des civils et des combattants azawads, faisant de nombreux morts et blessés.
Les autorités maliennes avaient déjà annoncé, l’année passée, avoir reçu des drones de combat turcs, tout en bénéficiant aussi d’un appui russe, dans leur guerre contre les populations du nord du pays. Ce conflit s’est ravivé depuis deux ans, suite à l’abandon de l’Accord de paix et de réconciliation issu du processus d’Alger par les autorités de transition maliennes.
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