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Condamnation de Tayeb Louh à une peine de prison pour de nouvelles accusations de corruption

La justice a suspecté que ses nombreux biens, non justifiés, provenaient de revenus de corruption durant son mandat en tant que ministre du Travail, puis ministre de la Justice, entre 2002 et 2019

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Le pôle pénal économique et financier du tribunal de Sidi M’hamed à Alger a prononcé, ce lundi, une peine de 4 ans de prison ferme assortie d’une amende de 200 000 dinars algériens à l’encontre de Tayeb Louh, ancien ministre de la Justice, pour des faits de corruption remontant à la période où il exerçait des responsabilités gouvernementales, entre 2002 et 2019, selon des avocats cités par El Khabar.

Ancien président du syndicat des magistrats au début des années 1990, Tayeb Louh avait déjà été jugé et condamné dans deux affaires liées à l’abus de fonction et l’octroi d’avantages indus. Il avait écopé de 2 et 3 ans de prison, le 7 mars 2022, pour son intervention visant à annuler des mandats d’arrêt internationaux contre l’ex-ministre de l’Énergie Chakib Khelil et un membre de la famille Kouninef, propriétaire du groupe économique "KouGC".

À l’approche de la fin de sa peine prévue pour le 22 août 2025, les autorités pénitentiaires de Koléa (Tipaza) ont notifié à Tayeb Louh l’ouverture d’un nouveau dossier judiciaire, lié à deux nouvelles accusations : Non-déclaration de patrimoine, Enrichissement illicite.

La première accusation concerne une villa à Staouéli, dans la banlieue ouest d’Alger, acquise en 2017 lorsqu’il était toujours ministre, dans le cadre d’un programme de l’OPGI (Office de promotion et de gestion immobilière), avec finalisation des démarches en 2018.

La seconde porte sur trois autres biens immobiliers non justifiés : un appartement à Marsa Ben M’hidi (Tlemcen), acheté en 1986 dans le cadre de la cession des biens de l’État, un bungalow à Tlemcen, acquis en 2015, une luxueuse villa à "Bois des Cars", à Dely Brahim (Alger), achetée en 2018.

Lors de l’audience du 23 juin dernier, le procureur avait requis une peine de 10 ans de prison ferme et une amende d’un million de dinars, insistant sur le fait que Tayeb Louh n’avait pas respecté l’obligation légale de déclaration de patrimoine. Il avait acheté plusieurs biens, puis les avait revendus sans jamais les habiter, et n’avait effectué de déclaration qu’en 2019, lorsque la fin du régime Bouteflika devenait imminente sous la pression du Hirak.

Tayeb Louh a nié fermement toutes les accusations, déclarant à la cour « Je reste calme pour préserver ma santé. J’ai subi deux opérations du cœur en prison. J’ai 74 ans, dont 46 années de service à l’État. Je n’ai commis aucun crime grave, ni été impliqué dans des scandales moraux, et pourtant je me retrouve injustement jugé. »
Il s’est décrit comme un homme intègre et rigoureux, selon ses avocats présents à l’audience. Interrogé par le juge sur la proportionnalité entre ses biens et ses revenus, il a répondu « Je percevais un salaire mensuel de 300 000 DA. En tant que ministre, je ne payais ni loyer ni grosses charges. »
Il a demandé la désignation d’un expert financier indépendant pour prouver son innocence, concluant « Je suis un homme honnête. »