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La décision de l'Algérie de renouveler son appareil diplomatique dans la région du Sahel et de remplacer ses ambassadeurs dans quatre pays du Sahel, à savoir le Mali, le Niger, le Burkina Faso et le Tchad, marque une étape visant à surmonter les difficultés rencontrées lors de la dernière phase des relations algériennes avec les pays du Sahel. Cette période a été marquée par des périodes de crises dues à des choix hâtifs de ces pays concernant les approches de paix dans la région, avec l'intervention et la pression de parties régionales et non régionales cherchant à réaliser leurs propres intérêts aux dépens des pays du Sahel.

En remplaçant ses ambassadeurs dans les pays du Sahel, notamment au Mali et au Niger, l'Algérie envoie un message politique clair indiquant sa volonté affirmée et positive de tourner la page sur les crises et les malentendus.

Les diplomates qualifient cette démarche de "décision souveraine confirmant l'esprit positif complet qui anime l'Algérie pour des relations de consultation continue avec les pays du Sahel et les voisins".

Ils espèrent que les dirigeants de ces pays recevront le message algérien de manière correcte, saine et également positive, d'autant plus que c'est une démarche qui s'inscrit dans le cadre du renouvellement des canaux de communication diplomatique entre l'Algérie et ces pays, qui partagent des enjeux politiques, économiques et de sécurité communs.

Dans ce contexte, un nouvel ambassadeur a été nommé au Mali, Kamal Rattib, en provenance de Lima, la capitale péruvienne, qui succède à l'ambassadeur actuel, Houasse Riache.

Ce changement a été imposé par les évolutions survenues au Mali et les répercussions d'une crise diplomatique entre l'Algérie et Bamako, après que le gouvernement de transition militaire au Mali ait décidé d'annuler l'accord de paix signé à Alger sans consultation avec l'Algérie en tant que parrain international de l'accord.

De plus, des allégations Malienne et des protestations ont été soulevées en raison de l'accueil par l'Algérie de figures religieuses, comme l'imam Mahmoud Dicko. L'expérience du nouvel ambassadeur Rattib, qui avait déjà travaillé à l'ambassade au Mali il y a quelques années, est susceptible d'être utilisée en faveur des relations entre les deux pays.

Le changement a également touché le Niger, où l'actuel ambassadeur en Zambie, Ahmed Saadi, a été nommé nouvel ambassadeur à Niamey, remplaçant l'actuel ambassadeur Mahdi Ben Khada, dont le changement a été imposé pour permettre un nouveau contact avec les autorités nigériennes.

Le nouvel ambassadeur bénéficie d'une expérience antérieure au Niger, où il avait déjà travaillé il y a des années. Bien que les relations algéro-nigériennes aient connu une courte période de refroidissement en raison d'un malentendu politique de la part du régime militaire au Niger après le coup d'État de l'été dernier contre le président Mohamed Bazoum, elles ont depuis dépassé cette phase.

Un autre pays de la région du Sahel concerné par les changements décidés par le président Abdelmadjid Tebboune, dans le même contexte politique et diplomatique, est le Burkina Faso. Salma Mansouri, actuellement en poste à la Commission des droits de l'homme à Genève, a été nommée ambassadrice de l'Algérie à Ouagadougou, succédant à l'ambassadeur Najib Mahdi. Bien que les relations algéro-burkinabées n'aient pas été affectées par les évolutions internes survenues dans ce pays après le coup d'État et la prise de pouvoir par le conseil militaire, les liens entre ces pays et ceux du Mali et du Niger ont nécessité ce changement dans le cadre de ce que le ministère des Affaires étrangères a qualifié de "activation de l'appareil diplomatique et amélioration de la performance diplomatique dans le contexte des défis actuels".

Un autre diplomate a été nommé dans le même contexte de renouvellement diplomatique algérien dans la région du Sahel, il s'agit de Faissal Jaouti, ambassadeur de l'Algérie au Tchad, succédant à l'ambassadeur Jamal al-Din bin Amar Naum.

Le Tchad est un pays qui fait face à des tensions persistantes avec ses voisins ainsi qu'à des problèmes croissants dans la région du Sahel, surtout que les frontières tchadiennes avec la Libye connaissent une échappée et une activité intense de trafic de migrants et de commerce d'armes, des développements qui comportent des risques pour l'Algérie.

Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a décidé, avant-hier soir, de procéder à un mouvement partiel dans les chefs des missions diplomatiques et consulaires, concernant 28 ambassadeurs, trois consuls généraux et trois consuls.

La même source a ajouté que ces nominations "s'inscrivent dans le cadre de l'activation de l'appareil diplomatique et visent à améliorer la performance diplomatique dans le contexte des défis actuels, et garantir une prise en charge optimale de notre communauté nationale à l'étranger", précisant que ces nominations entreront en vigueur dès la finalisation des procédures organisationnelles requises.