
Comme attendu, l'ancien ambassadeur de France en Algérie et agent des renseignements, Xavier Driencourt, a rejoint la cohorte de ceux qui s'en prennent à l'Algérie. Dans un article publié par Le Figaro, il exprime son "soutien" à l'écrivain controversé Boualem Sansal et à Kamel Daoud, accusant l'Algérie de viser le régime français en réaction à la reconnaissance par Paris de la prétendue "marocanité" du Sahara occidental. Driencourt a également ravivé son complexe colonial en remettant en question les massacres commis par la colonisation française en Algérie et en qualifiant le chiffre de 6,5 millions de martyrs algériens depuis 1830 de "gonflé".
Dans son article plein d’« Hypocrisie », intitulé : «Pour l’Algérie, critiquer Kamel Daoud et arrêter Boualem Sansal, c’est tirer à vue sur le pouvoir français».
Xavier Driencourt a tenté de présenter les poursuites contre Boualem Sansal et l'accusation de vol intellectuel visant Kamel Daoud, lauréat du prix Goncourt pour son dernier roman, comme une manœuvre du régime algérien pour s'attaquer à la France. Il prétend que la politique algérienne actuelle mène une "guerre systématique contre la liberté d’expression et les intellectuels", à travers la répression des intellectuels et des médias.
Avec une arrogance déconcertante, Xavier Driencourt a qualifié Kamel Daoud d'écrivain courageux, soulignant qu'il a écrit un roman sur les crimes commis des "deux côtés" durant la "décennie noire", en référence à la lutte contre le terrorisme. Il a, également, rappelé que Daoud est le premier écrivain algérien à remporter le prix Goncourt, tout en passant sous silence les accusations de plagiat. En effet, le roman en question serait basé sur un dossier médical d'une victime du terrorisme, patiente de l'épouse de Daoud, qui aurait divulgué les informations confidentielles, violant ainsi le secret médical et trahissant la confiance de sa patiente, croyant ses traumatismes en sécurité.
Glorification de ceux qui remettent en cause l'histoire révolutionnaire de l'Algérie
Driencourt a, également, qualifié Daoud de "courageux" en raison de ses positions semant le doute dans le nombre de martyrs algériens depuis l'invasion française en 1830. Citant un passage du roman controversé de Daoud, il écrit : "Musulmans, et avant eux, chrétiens français... Avec l'exagération des chiffres, nous comptons maintenant 6,5 millions de morts, contre 1,5 million évoqués récemment ?". Driencourt ajoute que Daoud aurait "compris finalement qu'aucun avenir solide ou durable ne pouvait être construit avec le régime algérien".
Il a également tenté de lier le report, puis l'annulation de la visite du président Tebboune à Paris, à la reconnaissance par la France, en juillet dernier, de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, aggravée selon lui par la visite de Macron à Rabat et l'attribution du prix Goncourt à Kamel Daoud.
Driencourt estime que critiquer Kamel Daoud et emprisonner Sansal revient à "faire d’une pierre deux coups : cela vise directement et concrètement les intéressés, mais aussi l’autorité française qui les protège, les accueille et, pire encore, leur accorde sa nationalité !".
Il prétend également que des intellectuels français à l’instar de Jean-Paul Sartre, François Mauriac ou Albert Camus, qui étaient préoccupés par l’Algérie il y a 70 ans, et qui espéraient qu’elle soit une nation plus humaine et démocratique, seraient "déçus" par l’Algérie d’aujourd’hui.
Cette remarque révèle en réalité la persistance d’un complexe colonial au sein des élites françaises, toujours nostalgiques de l’époque révolue de "l’Algérie française".
Le rêve d'un changement radical et « profond » dans les relations
Dans son "hypocrisie diplomatique", Driencourt arrive à la conclusion que la France doit trouver un moyen de sortir du "piège algérien" en construisant une relation apaisée et normale avec l’Algérie, mais seulement après un changement profond et radical.
Ce changement rêvé par Driencourt, implique l’abandon par l’Algérie de ses principes sur la mémoire et son soutien aux causes justes dans le monde, notamment les causes palestinienne et sahraouie. Et pourquoi pas, réaliser ses illusions nostalgiques d’une "Algérie française".
Dans sa défense de ses amis, il ignore les déclarations racistes de Sansal contre son propre pays, son atteinte à l’intégrité territoriale de l’Algérie, et ses insultes envers un État qui l’a pourtant accueilli et favorisé (occupant d’importants postes gouvernementaux dans le passé). De même, il passe sous silence le plagiat de Kamel Daoud, le drame de la citoyenne algérienne qui a dénoncé ce dernier et son épouse, ainsi que les droits du peuple sahraoui à l’autodétermination conformément aux résolutions onusiennes.