
La convocation par le ministère des affaires étrangères de l’ambassadeur de France sont un signe supplémentaire, selon les journaux français, de la détérioration rapide des relations bilatérales entre la France et l'Algérie.
Le quotidien régional Ouest France a rapporté que la convocation de l'ambassadeur français indique une intensification des tensions entre les deux pays, tandis que Le Monde a souligné que la tension est passée à un cran supérieur. Ce contexte est lié à une série d'incidents depuis juillet dernier, après l'annonce de la France soutenant publiquement les plans d'expansion du Maroc au Sahara occidental, suivie de l'arrestation du romancier franco-algérien Boualem Sansal le 16 novembre, événement qui a provoqué des réactions furieuses parmi les milieux médiatiques et politiques français, en grande partie d'extrême droite.
Le Monde s'est interrogé sur la réponse algérienne pour punir la France, en suggérant que l'Algérie avait déjà commencé à mettre en œuvre des sanctions commerciales.
Ils ont cité la prétendue directive diffusée par l'Association des banques professionnelles le 6 novembre, qui, selon les accusations de l'ex-ambassadeur français Xavier Driencourt, aurait décidé de suspendre les échanges commerciaux entre les deux pays, en arrêtant les paiements bancaires et le règlement des factures pour les biens et services en provenance de France et à destination de la France.
Cette mesure avait été prise par l'Algérie contre l'Espagne en 2022.
Cependant, les autorités algériennes avaient démenti cette information dans un communiqué du bureau du Premier ministre, qualifiant ces allégations de fausses.
La journaliste française a questionné jusqu'où irait cette hostilité, qu'elle considère comme la plus grave depuis vingt ans, citant une déclaration d'un responsable français selon laquelle l'atmosphère est de plus en plus tendue et que les conditions pour rétablir la confiance sont devenues compliquées.
Elle a conclu que la crise actuelle pourrait durer plus longtemps que celles de 2021 et 2023, qui avaient duré trois mois, les crises ayant éclaté à la suite de déclarations du président français Emmanuel Macron en 2021, selon lesquelles l'Algérie avait construit son système après l'indépendance de 1962 autour de " la rente de la mémoire" mis en place par le "système politico-militaire".
La crise suivante s'était produite à la suite de l'exfiltration de l'activiste dissidente Amira Bouraoui, facilitée par les autorités consulaires françaises.
De son côté, le magazine économique Challenges a consacré un rapport au recul discret des échanges commerciaux entre les deux pays. Ce rapport est soutenu par des déclarations d'opérateurs économiques "anonymes" qui ont évoqué les grandes difficultés rencontrées pour importer des biens et services sur le marché algérien.
Selon Challenges, les autorités algériennes cherchent à réduire silencieusement leur dépendance aux produits et biens français, sans entrer en conflit avec l'Union européenne et en évitant de répéter la situation espagnole.
Ils ajoutent que les entreprises françaises, y compris celles opérant dans les territoires occupés du Sahara, se trouvent désormais dans la ligne de mire des autorités algériennes, et que certains opérateurs doivent passer par d'autres pays étrangers pour accéder au marché algérien et contourner les restrictions non officielles imposées.