Le Conseil des droits de l’homme des Nations unies a décidé d’envoyer une mission d’enquête au Soudan afin d’investiguer sur les opérations de « massacres » commises à El-Fasher. Le Haut-Commissaire du Conseil a indiqué que la situation est grave et que des mares de sang à El-Fasher ont pu être observées depuis l’espace.
Dans le même temps, les États-Unis ont appelé à mettre fin à l’approvisionnement en armes de la milice *Forces de soutien rapide*, un appel qui intervient alors que les rapports médiatiques et ceux d’organisations se multiplient au sujet du rôle des Émirats arabes unis dans le soutien à cette milice.
Les membres du Conseil des droits de l’homme de l’ONU ont adopté, vendredi, lors d’une session exceptionnelle à Genève, un projet de résolution prévoyant la création d’une mission indépendante de recherche des faits afin d’enquêter sur les « massacres » commis à El-Fasher au Soudan.
La résolution demande à la « mission d’enquête » de mener « une investigation urgente, conformément à son mandat, sur les violations présumées du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire commises à El-Fasher et dans ses environs ».
Elle demande également à la mission d’identifier toutes les personnes contre lesquelles il existe des motifs raisonnables de croire qu’elles sont responsables des violations et abus présumés, et de soutenir les efforts visant à garantir que les auteurs soient tenus pour responsables.
Le ministère soudanais des Affaires étrangères a salué, dans un communiqué, le contenu de la résolution du Conseil des droits de l’homme.
Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, a qualifié la violence à El-Fasher de « tache honteuse » pour la communauté internationale, qui a échoué à y mettre fin.
Il a évoqué « les taches de sang qui souillent le sol d’El-Fasher et qui ont été photographiées depuis l’espace », décrivant cette violence comme « une tache moins visible dans le registre de la communauté internationale, mais dont les conséquences ne sont pas moindres ».
Dans des déclarations à la presse vendredi, il a indiqué que son équipe « rassemble des preuves des violations susceptibles d’être utilisées dans des procédures judiciaires ». Il a insisté sur le fait que « la Cour pénale internationale suit la situation de près ».
S’adressant aux parties impliquées, il a affirmé : « Nous vous surveillons, et la justice prévaudra ». Türk a appelé à une action internationale urgente pour mettre fin aux « atrocités horribles » commises à El-Fasher, avertissant qu’il ne faut pas attendre que la situation soit qualifiée de « génocide ».
Le HCR a, de son côté, reçu plusieurs rapports faisant état « d’exécutions terrifiantes » et de « violences sexuelles visant femmes et filles », perpétrées par des groupes armés lors des attaques ou contre des groupes en fuite.
L’ONU a averti vendredi que plus de 21 millions de personnes au Soudan sont aujourd’hui confrontées à une insécurité alimentaire aiguë, soit environ 45 % de la population totale.
Le département d’État américain a appelé à une action internationale pour couper les approvisionnements en armes aux Forces de soutien rapide, mettant en garde contre les conséquences de leur poursuite, alors que les attaques continuent, la plus récente ayant visé jeudi un barrage majeur dans la ville de Merowe, dans le Nord.
Rubio a refusé de nommer un pays spécifique, déclarant : « Les armes transitent par un pays que nous connaissons. Nous allons lui parler et lui faire comprendre que cela aura des répercussions négatives pour lui et pour le monde si nous ne pouvons pas y mettre fin ».
Les Émirats, principal fournisseur de la guerre
Le nom du pays dont Rubio n’a pas voulu révéler l'identité, pour plusieurs raisons, et impliqué dans le soutien à la milice soudanaise, a été mentionné dans de nombreux rapports journalistiques et d'organisations internationales. Le plus récent est une enquête du "Sunday Times" révélant le rôle des Émirats arabes unis dans l’alimentation des atrocités au Soudan, confirmant les précédentes conclusions de l’ONU reliant les routes de contrebande d’armes et d’or émiraties aux Forces de soutien rapide — une milice largement accusée de crimes de guerre au Darfour.
Malgré les démentis répétés d’Abou Dhabi, l’enquête indique que des preuves de plus en plus nombreuses montrent que l’État du Golfe a fourni à la milice des armes, des fonds et un soutien logistique, en violation du droit international, aggravant une guerre par procuration qui a dévasté la vie des civils dans tout le Soudan.
Selon le "Sunday Times", des armes traçables depuis un poste de contrôle isolé au nord du Darfour jusqu’à une usine d’armement bulgare prouvent que des mortiers vendus aux Émirats en 2019 ont été interceptés plus tard dans des convois des Forces de soutien rapide — en violation manifeste des accords de réexportation.
Michael Jones, de l’Institut royal des services unifiés, a déclaré que « des observateurs de l’ONU et des agences de renseignement américaines ont relevé des preuves accablantes montrant une implication des Émirats arabes unis dans l’afflux d’armes vers le Soudan ».
Un rapport publié jeudi par l’organisation américaine "The Sentry" indique également que les forces du maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’Est libyen, fournissent du carburant à la milice soudanaise en échange du « soutien crucial » que leur apportent les Émirats depuis 2014.
Depuis le début de la guerre, « le camp Haftar est le principal fournisseur de carburant des Forces de soutien rapide », selon le rapport intitulé "L’essor de la contrebande de carburant en Libye".
Ces approvisionnements reflètent « l’allégeance profonde de Haftar au gouvernement émirati », qui constitue « un soutien essentiel » pour lui, selon "The Sentry".
L’organisation dit n'avoir reçu aucune réponse des Émirats ou des Forces de soutien rapide.
Depuis le début des combats en avril 2023, Saddam, fils du maréchal Khalifa Haftar, s’est rendu dans la région de Koufra, au sud-est de la Libye, près de la frontière soudanaise, pour « superviser l’approvisionnement en carburant du chef des Forces de soutien rapide, le général Mohamed Hamdan Dagalo », selon le rapport.
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