Des analystes estiment que le discours du Général d’armée Saïd Chanegriha, prononcé avant-hier, constitue une confirmation claire de la justesse et de la crédibilité de la vision algérienne dans sa gestion des défis sécuritaires que connaît la région du Sahel africain, en particulier dans un contexte de complexification de la situation régionale et d’intensification des interventions étrangères, souvent motivées par des calculs qui ne placent pas la stabilité de la région au premier plan.
Le Dr. Mouloud Ould Sedik, professeur de sciences politiques et de relations internationales, a affirmé que l’Algérie considère le Sahel comme une extension organique de sa sécurité nationale, ce qui lui impose de nouveaux rôles allant au-delà de la lutte contre le terrorisme, vers une ingénierie de la stabilité à travers des projets de développement structurels.
Dans une déclaration exclusive à « El Khabar », il a expliqué que l’intervention du Vice-ministre de la Défense, Chef d’état-major de l’Armée nationale populaire, le Général d’armée Saïd Chanegriha, lors de la supervision du colloque national sur le Sahel africain, intitulé « Le Sahel africain : défis sécuritaires et de développement à l’ombre des rivalités géopolitiques dans la région », intervient dans un contexte régional extrêmement complexe. Elle marque un tournant qualitatif dans l’approche algérienne envers le Sahel africain, en faisant de la sécurité un instrument de construction de la paix, et non une simple réaction militaire.
Il a souligné que le Sahel n’est plus aujourd’hui un simple espace de fragilité sécuritaire, mais est devenu un terrain de rivalité stratégique entre puissances internationales et régionales. Ainsi, tout discours émanant de l’Algérie, en particulier lorsqu’il est prononcé par le Chef d’état-major de l’armée, est porteur de messages et d’enjeux importants.
Le Dr. Ould Sedik a expliqué que ce qui distingue le discours du Général Chanegriha, c’est l’attachement de l’Algérie à son approche souveraine, qui conjugue dialogue et rejet des interventions étrangères. Cela s’inscrit dans la continuité naturelle de la doctrine de la politique étrangère algérienne. Il a estimé que cette position prend une signification encore plus profonde dans le contexte sahélien, où les approches militaires adoptées par certaines puissances – comme la France au Mali – ont échoué à instaurer une stabilité réelle.
Il a ajouté que l’Algérie a toujours promu des solutions sécuritaires participatives, à l’image du Comité d’état-major opérationnel conjoint (CEMOC), une initiative purement algérienne misant sur la coordination plutôt que sur les diktats, et sur la souveraineté plutôt que sur la tutelle.
Dans son analyse d’un autre aspect du discours, le professeur a souligné que les propos reflètent une volonté algérienne de passer du statut d’« acteur sécuritaire » à celui d’« acteur global », soit d’une force qui protège ses frontières à un État qui porte des projets de développement et de stabilité collective.
Il a ajouté que « l’Algérie traite désormais le Sahel comme une extension organique de sa sécurité nationale, ce qui l’oblige à jouer de nouveaux rôles allant au-delà de la lutte contre le terrorisme, vers une véritable ingénierie de la stabilité via des projets structurels et de développement ».
Ould Sedik a affirmé que le discours portait un message clair : l’Algérie ne croit pas aux solutions sécuritaires imposées d’en haut, mais estime que le développement économique et social représente le véritable rempart contre l’extrémisme et les ingérences étrangères.
Il a précisé que l’Algérie se positionne comme un acteur qui s’attaque aux causes profondes des crises et non à leurs symptômes, redonnant ainsi à la région sa profondeur de développement après des années de marginalisation et de dépendance vis-à-vis d’agendas étrangers.
Mise en garde contre les tentatives de marginalisation du rôle de l’Algérie
Sur un ton empreint d’avertissement, le professeur a indiqué que le Général d’armée Chanegriha a laissé entendre qu’il existe des tentatives d’isoler l’Algérie ou de perturber son rôle régional. Cela traduit une lutte d’influence implicite avec certains acteurs cherchant à redéfinir les équilibres dans le Sahel, surtout après le recul des puissances traditionnelles et l’émergence de nouveaux acteurs comme la Russie, la Turquie ou certains pays du Golfe. Il a déclaré que « par ce discours, l’Algérie affirme qu’elle n’est pas un acteur que l’on peut contourner, mais bien un partenaire stratégique incontournable, proposant une alternative rationnelle et en harmonie avec les spécificités de la région. »
Le Dr. Ould Sedik a également insisté sur la forte symbolique du fait que l’Algérie ait accueilli un forum sécuritaire sur le Sahel à l’occasion de la Journée de l’Afrique, soulignant que « le message politique est clair : l’Algérie revient à sa profondeur africaine avec confiance, loin du repli maghrébin ou des conflits frontaliers stériles. »
Il a souligné que l’avenir de l’Algérie est lié à la stabilité de sa profondeur africaine, et pas seulement à son littoral nord-méditerranéen, ajoutant que « le basculement géostratégique actuel impose un repositionnement intelligent, ce que l’Algérie est en train de faire concrètement. »
Le Dr. Ould Sedik a conclu son intervention en affirmant que le discours du Général Chanegriha n’était pas un simple discours protocolaire, mais bien une déclaration d’intention stratégique qui reflète une vision algérienne globale fondée sur une trilogie claire : respect de la souveraineté nationale, rejet des ingérences étrangères, renforcement des mécanismes de coordination sécuritaire libres de toute tutelle, et lien organique entre sécurité et développement pour construire des sociétés résilientes.
Il a estimé que, de par sa position et son statut, l’Algérie ne peut se contenter de surveiller ses frontières, mais cherche à instaurer une paix réelle au cœur de l’espace sahélien, ce qui fait d’elle un acteur stratégique incontournable pour l’avenir de la région.
L’Algérie prouve la justesse de sa vision pour gérer la crise au Sahel
De son côté, le politologue Rachid Allouche a déclaré à El Khabar que l’intervention du Général d’armée Saïd Chanegriha lors du colloque national sur le Sahel africain « constitue une confirmation de la justesse et de la crédibilité de la vision algérienne dans la gestion des défis que connaît la région du Sahel africain, particulièrement à la lumière de leur intensification et de leur complexité en raison de la multiplicité des puissances étrangères intervenantes dans la région ».
Il a ajouté que « l’Algérie reste l’élément central dans la gestion et la réponse efficace aux causes des crises, que ce soit dans la lutte contre le terrorisme, le développement économique des zones frontalières, la gestion des flux migratoires ou l’aide humanitaire, tout en privilégiant la diplomatie et les solutions pacifiques comme moyen le plus réaliste et efficace pour traiter les problématiques sécuritaires dans la région du Sahel. »
Il a précisé que « l’objectif du discours du Général Chanegriha est de souligner que l’Algérie, lorsqu’elle propose des visions pour gérer les problèmes sécuritaires dans la région, ne le fait pas dans la logique des puissances étrangères intervenantes, mais selon une logique d’intérêt vital partagé avec les pays du Sahel. »
Le politologue a affirmé que « cet intérêt vital ne peut être concrétisé via les puissances étrangères, qui n’appréhendent pas les défis sécuritaires du Sahel selon la même vision que l’Algérie, fondée sur la nécessité de renforcer les moyens d’une sécurité autonome pour chaque pays, dans le respect de leur souveraineté. »
Pas de sécurité durable avec des ingérences extérieures
Allouche a poursuivi « Il est impossible de garantir la sécurité par l’importation de solutions de la part de puissances tierces, dont l’objectif est souvent de perturber le rôle de l’Algérie dans la région, ou d’instrumentaliser les pays sahéliens et leurs crises pour nuire à la sécurité nationale algérienne. L’Algérie en est pleinement consciente et agira avec sagesse, lucidité et responsabilité, comme l’a affirmé le ministre des Affaires étrangères Ahmed Attaf. »
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