Un quartier résidentiel calme de la ville d’Arnum, au sud de Hanovre, s’est réveillé dans l’horreur suite à un crime raciste perpétré contre la jeune Algérienne Rahma Ayad, âgée de 26 ans et originaire d’Oran. Elle a été assassinée par arme blanche dans son appartement dans la matinée du vendredi 4 juillet. Ce drame a profondément choqué la communauté algérienne en Allemagne, qui s’est mobilisée pour exiger la vérité sur les circonstances du crime et que justice soit rendue, tandis que sa famille en Algérie attend des nouvelles de l’enquête avec anxiété.
Aux premières heures de ce vendredi tragique, les cris de détresse ont retenti dans un immeuble résidentiel à Arnum. Vers 10h30, des voisins ont alerté la police après avoir vu une femme grièvement blessée implorant de l’aide dans la cage d’escalier.
À leur arrivée, les secours et la police ont découvert une scène macabre : le corps d’une femme, baignat dans une marre de sang, portait de multiples coups de couteau au niveau de la poitrine et de l’épaule. Malgré les tentatives de réanimation, son décès a été constaté peu après. À ce moment-là, l’identité de la victime était encore inconnue, tout comme celle de l’agresseur.
Sur la base des témoignages des voisins, la police a rapidement arrêté un homme allemand de 31 ans dans son appartement. Néanmoins, l’enquête n’en est qu’à ses débuts et le suspect n’a pas encore été officiellement inculpé. Les autorités continuent de recueillir des preuves pour établir son rôle exact dans cette affaire.
L'identité de la victime révélée
Le mardi 8 juillet 2025, la communauté algérienne en Allemagne est parvenue à identifier la victime : il s’agissait de Rahma Ayad, née le 14 août 1998 à Oran. Jeune femme ambitieuse et pleine de vie, elle était venue en Allemagne pour suivre une formation en soins infirmiers. Très appréciée de ses collègues pour sa gentillesse et sa modestie, la nouvelle de sa mort brutale a été un choc pour tous ceux qui la connaissaient.
Des membres de la communauté algérienne, en lien avec le journaliste Hamza Allal Cherif, habitant près du lieu du crime, ont immédiatement informé sa famille en Algérie et suivent de près l'évolution de l'enquête.
La communauté a exprimé de vives inquiétudes quant à la nature raciste du crime, en s’appuyant sur des témoignages évoquant des harcèlements répétés subis par Rahma de la part de son voisin, aujourd’hui principal suspect.
Selon plusieurs médias allemands, la police n’a pas encore établi le mobile du crime, ni précisé la nature exacte de la relation entre la victime et le suspect, ce qui complique encore davantage le dossier.
La communauté algérienne a contacté le consulat d’Algérie pour solliciter une intervention, affirmant que les agissements passés du suspect laissaient penser à une motivation raciste.
Hamza Allal Cherif a indiqué que des efforts ont été entrepris pour collecter des fonds afin de rapatrier le corps de Rahma, mais le consulat leur a assuré que l'État algérien prendrait tous les frais en charge.
Enquête et éléments accablants
Les enquêteurs ont temporairement bouclé les lieux pour collecter les preuves. Une autopsie est en cours afin de déterminer précisément les causes du décès. Des témoins ont décrit une scène “terrible”, avec des blessures profondes au thorax et à l’épaule, signe d’une violence extrême. La police prévoit d’interroger d’autres voisins, et cherche à savoir si cette affaire pourrait être liée à une tentative d’agression sur une joggeuse en avril dernier, bien qu’aucun lien n’ait été confirmé à ce stade.
Mobilisation et appels à la justice
À mesure que les détails de l’affaire émergent, la communauté algérienne, ainsi que des amis de la victime, ont organisé une manifestation mardi soir devant le domicile de Rahma à Arnum. Ils réclament justice et la condamnation du “véritable coupable”, dans une atmosphère marquée par la douleur et la colère.
Les habitants d’Arnum, bouleversés par ce drame, ont exprimé leur peur. L’un d’eux a déclaré : « Nous n’aurions jamais imaginé une telle violence ici. » Les autorités allemandes poursuivent leurs investigations avec prudence, tandis que le consulat d’Algérie a promis de suivre l’affaire de près.
Contexte préoccupant en Allemagne
L’année dernière, l’Allemagne a enregistré un nombre record de crimes à motivation raciste, avec plus de 33 000 infractions, le chiffre le plus élevé depuis le début des statistiques en 2001.
D’après une réponse du ministère de l’Intérieur allemand à une question du groupe parlementaire du parti “Die Linke” (La Gauche), la majorité de ces infractions relevaient de la propagande haineuse et de l’incitation à la haine.
En tout, la police a recensé 33 963 crimes à motivations d’extrême droite jusqu’au 30 novembre dernier, dont 1 136 actes de violence – principalement des agressions physiques. Près des deux tiers (21 311 infractions) relevaient de la propagande, et 5 097 ont été classées comme incitation à la haine.
Les données du mois de décembre ne sont pas encore disponibles, ce qui signifie que le nombre total pourrait être encore plus élevé.
En 2023, les crimes d’extrême droite avaient déjà atteint un niveau record avec 28 945 infractions, et l’augmentation constatée l’an dernier atteint plus de 17 %.
Martina Renner, députée du parti “Die Linke”, a qualifié ces chiffres d’alarmants, soulignant que la majorité des auteurs sont des adultes, mais qu’on observe également une hausse inquiétante de la violence chez les jeunes.
Elle a dénoncé l’absence de mesures politiques concrètes face à cette situation « Souvent, on ne lutte contre l’extrême droite que lors de conférences de presse. Il revient à la société civile de montrer la constance et la détermination que la politique ne semble pas avoir. »
Commentaires
Participez Connectez-vous
Déconnexion
Les commentaires sont désactivés pour cet publication.