Culture

Ahmed Ben Bella… symbole de lutte et de liberté

Tlemcen a accueilli le Forum national « L’Algérie face aux défis mondiaux : manifestations de la révolution libératrice »

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Des chercheurs et spécialistes se sont accordés à dire que le président défunt Ahmed Ben Bella était l’un des principaux architectes de l’armement de la révolution libératrice, ayant tissé un réseau international complexe pour faire parvenir des armes depuis Le Caire et l’Europe, ce qui a représenté un tournant décisif seulement neuf mois après le déclenchement de la révolution. Cette conclusion historique a été au cœur du Forum national qui s’est tenu à Tlemcen sous le thème : « L’Algérie face aux défis mondiaux : manifestations de la révolution libératrice », où les participants ont mis en lumière la foi inébranlable de Ben Bella en la lutte armée, ainsi que son rôle fondateur dans les mouvements de libération en Afrique et dans le monde.

La salle de conférences du musée régional sur la colline de Lalla Setti, dans la commune haute de Tlemcen, a accueilli le Forum national intitulé « La personnalité du leader symbole, le moudjahid Ahmed Ben Bella : enjeux et réalités », supervisé par le ministre des Moudjahidines et des ayants droit, Abdelmalek Tachrifet, et le wali de Tlemcen, Youssef Bachelawi, avec la participation de professeurs venus d’universités algériennes.

Le wali de Tlemcen a salué les qualités du défunt, le considérant comme l’un des pionniers de la révolution libératrice et parmi les hommes qui savaient planifier le déclenchement d’une révolution globale. Il a déclaré :
"Le choix de ce forum consacré au moudjahid défunt Ahmed Ben Bella reflète la conscience de l’importance d’une lecture objective d’un des chefs de la révolution qui a laissé une empreinte claire dans l’histoire du combat et de l’Algérie indépendante. Il est l’un des dirigeants fondateurs du Front de libération nationale, à l’origine de la décision historique du déclenchement de la révolution du 1er novembre, et après l’indépendance, il a soutenu les mouvements de libération en Afrique, croyant que l’indépendance de l’Algérie était liée à l’autodétermination des peuples africains. C’est pourquoi il a été parmi les fondateurs du Mouvement des non-alignés, car il était un défenseur de la justice et de la paix."

Il a ajouté "aujourd’hui, alors que l’Algérie fait face à des défis politiques, économiques et géopolitiques rapides dans le monde, elle puise sa position de son passé historique prestigieux et des manifestations de sa glorieuse révolution."

Le directeur des Moudjahidines et des ayants droit de la wilaya de Tlemcen, M. Aissa Mansouri, a souligné que le forum s’inscrit dans le cadre de la préservation des efforts de l’État algérien moderne et de la réalisation de ses politiques nationales dans toutes leurs dimensions, dans le cadre d’une forte unité nationale visant à consacrer les efforts pour la construction nationale et le progrès dans tous les domaines. Il a déclaré "les manifestations du discours de novembre 1954 et les fondements de ses contenus adressés à la nation algérienne ont tracé la voie de la libération, et ses grands hommes étaient au rendez-vous, accueillis par le peuple dans le cadre d’une unité nationale qui a brisé le mur de la tyrannie coloniale, mis fin à la politique de domination et de tyrannie, et ainsi arraché l’indépendance nationale."

Ben Bella et le complot après le détournement d’avion

Le Dr Mohamed Khichane, de l’Université d’Alger, a évoqué le rôle du président Ahmed Ben Bella au Caire entre 1953 et 1954, pour fournir des armes à la révolution qu’il considérait comme la solution réelle pour affronter le colonialisme. À cet égard, il a révélé que les autorités françaises ont publié de nombreux documents d’archives, désormais accessibles alors qu’ils étaient auparavant interdits en France. Il a déclaré :
"Les archives concernant cet homme sont abondantes, car il était suivi par la police française depuis 1949, année où il a assumé la direction de l’Organisation spéciale, succédant à Aït Ahmed. Il coordonnait avec les Marocains pour mettre en œuvre le projet de lutte armée au Maghreb, projet qui n’a pas abouti. Les archives révèlent également une grande bataille de l’Algérie, celle de l’armement, car il s’efforçait d’importer des armes de l’étranger par ses moyens et ses relations. Cet homme a donc joué un rôle majeur dans l’introduction des armes neuf mois seulement après le déclenchement de la glorieuse révolution libératrice."

Il a poursuivi "une boîte ouverte pour les chercheurs dans les dernières années contient des centaines de documents sur le défunt Ahmed Ben Bella, incluant des rapports de l’ambassadeur français et des services de renseignement français au Caire entre 1953 et 1954. Concernant l’information sur le détournement d’avion, il a déclaré, lors de son témoignage au Caire, qu’il avait 'le pressentiment qu’une conspiration se tramait et que l’avion serait détourné et subirait un incident'. Concernant le projet libérateur de Ben Bella, il s’est rendu en Tunisie en 1950 et a proposé au président tunisien un projet de libération du Maghreb sous le nom de 'révolution armée maghrébine', pour lequel le Parti du peuple algérien a été fondé. Il s’est ensuite rendu au Maroc pour la même mission, qu’il a proposée à Abdelkrim El Khattabi, qui lui a fait savoir que les Marocains n’étaient pas prêts pour ce projet et ont choisi une autre solution. Il entretenait de solides relations avec Abdelkrim El Khattabi et Gamal Abdel Nasser, qui l’ont convaincu que son projet visait le déclenchement de la révolution en Algérie et l’allumage d’un vaste soulèvement dans le Maghreb, mais les Tunisiens ont choisi la voie de la résistance."

Ben Bella et le soutien aux mouvements de libération

Le professeur universitaire Dr Nour Eddine Belhadi, de l’Université d’El Oued, a précisé que le déplacement de Ben Bella au Caire n’était ni spontané ni aléatoire, mais selon le témoignage d’un officier "le déplacement d’Ahmed Ben Bella au Caire s’est fait sur ordre de l’Organisation spéciale."

Belhadi a ajouté que Ben Bella croyait fermement en la nécessité de porter les armes contre le colonialisme et a déclaré "Ahmed Ben Bella a jeté les bases de l’armement en Algérie, en apportant des armes du Caire et d’Europe, de Tchécoslovaquie et d’Allemagne. Il possédait un grand génie et des relations qui lui ont permis de procurer ces armes tout en coordonnant avec les chefs de l’intérieur."