Nation

Vif échange entre le ministre de la Communication et un député

L'incident concerne l'intervention d’un député à l’Assemblée populaire nationale, dans laquelle il a critiqué un reportage de la télévision publique

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Le ministre de la Communication, Mohamed Meziane, a répondu au député Abdeslam Bechagha, auteur d'une intervention à l'Assemblée populaire nationale dans laquelle il critiquait un reportage de la télévision publique. Ce dernier avait qualifié l'historien Mohamed El Amine Belghit de « personne à l'esprit malade et de marchand d’idéologie sur le marché de l’Histoire », à la suite de ses déclarations à une chaîne émiratie dans lesquelles il remettait en cause l’un des fondements nationaux, le qualifiant de « fabrication sioniste-française ». Ces propos lui ont valu des poursuites judiciaires et une mise en détention.

Le ministre a déclaré, hier lors d’une activité ministérielle à Sétif, que le député « a accusé injustement la télévision nationale (...) car il ne possède ni la culture institutionnelle, ni la vérité, ni des informations précises », précisant que la télévision ne produit pas les communiqués des institutions nationales, mais sert souvent de vecteur pour ce qui est appelé service public.

Le ministre a poursuivi que « si le député respecté avait contacté les services du ministère, il aurait su que le communiqué en question provenait du ministère de la Justice, conformément au Code de procédure pénale, qui autorise le procureur de la République à publier des communiqués pour éviter les interprétations erronées, ce que le député semble ignorer. »

Mais le député, qui avait soulevé la question Belghit sous l’angle de la communication, a répliqué au ministre, estimant que « l’intervention de Monsieur le Ministre dans ce contexte constitue un dépassement des prérogatives institutionnelles, lui qui parle lui-même de l’importance du respect de la culture institutionnelle ». Il a justifié son propos en affirmant que « les réponses aux interventions des députés, notamment lorsqu’elles relèvent de leur rôle de contrôle et de législation, ne relèvent pas des attributions du ministre de la Communication, sauf lorsqu’il s’agit d’éclaircissements officiels à travers les canaux appropriés ». Le député a précisé qu’il faisait référence au reportage diffusé dans le journal télévisé de 20h, sur la chaîne publique, le 2 mai 2025, qui comportait selon lui une atteinte claire à la dignité du professeur Belghit et une condamnation médiatique anticipée avant toute décision judiciaire. Il a insisté qu’il ne faisait en aucun cas référence au communiqué officiel du procureur de la République du 3 mai 2025.

Selon un post publié sur son compte Facebook, le député estime qu’il aurait été plus judicieux que le ministre reconnaisse les manquements dans la performance de son institution médiatique, plutôt que de s’engager dans des manipulations intentionnelles et des surenchères verbales qui manquent de la sobriété requise par la responsabilité, et qui nuisent à la crédibilité du discours officiel de l’État.

Le député avait soulevé la question de la communication autour du cas du professeur d’histoire Mohamed El Amine Belghit deux jours auparavant, lors du débat sur le projet de loi sur la mobilisation générale à l’Assemblée populaire nationale, demandant au ministre de la Justice « avez-vous délégué une partie des prérogatives du ministère de la Justice au ministère de la Communication ? »

Il a poursuivi « a-t-on instauré des tribunaux médiatiques sur les écrans de télévision ? Depuis quand un Algérien est-il jugé au journal télévisé de 20h ? » Il a alors appelé à « revoir la politique de communication de l’État, ses mécanismes et ses outils de discours ». Le ministre de la Justice avait alors refusé de commenter, affirmant que « la question médiatique est encadrée, et qu’elle possède ses propres structures et lois ».

La télévision publique avait en effet diffusé, au lendemain des déclarations jugées insultantes, attentatoires aux constantes nationales et menaçant l’unité du pays, un reportage au journal télévisé de 20h, qualifiant l'État dont relève la chaîne émiratie d’« émirat artificiel ».

Quant aux propos de Belghit, la télévision avait déclaré que les Émirats avaient « une fois de plus exploité une personne à l'esprit malade, et un marchand d’idéologie sur le marché de l’Histoire ».