Economie

L’Algérie sur la carte mondiale de l’énergie

Grâce au retour des grandes compagnies américaines et à leurs stratégies de positionnement sur le marché.

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Le secteur énergétique en Algérie connaît une transformation stratégique d’une importance majeure, illustrée par le retour remarquable des grandes compagnies pétrolières américaines, à leur tête « ExxonMobil », « Chevron » et « Occidental », ce qui constitue un signe clair du renforcement de la confiance dans le climat d’investissement algérien et d’une prise de conscience accrue de l’importance stratégique de l’Algérie en tant qu’acteur principal sur le marché mondial de l’énergie.

Ce retour n’est pas venu de nulle part, mais il est le fruit d’efforts diplomatiques et économiques intensifs, de réformes législatives profondes, et d’une vision prospective plaçant l’énergie au cœur des priorités du développement national.

« ExxonMobil », classée première mondiale dans le secteur de l’énergie, est l’un des plus grands conglomérats pétroliers multinationaux. Ses activités s’étendent à plus de 50 pays, et elle dispose de capacités technologiques et de recherche considérables dans les domaines de l’exploration et de la production, avec un portefeuille d’investissements dépassant les centaines de milliards de dollars.

« Chevron », la deuxième plus grande compagnie énergétique américaine, possède une expertise avancée dans le domaine de l’exploration offshore, du développement des gisements non conventionnels, ainsi que dans les technologies de captage et de stockage géologique du carbone.

Quant à « Occidental », elle se distingue comme pionnière dans les techniques d’extraction complexes et les opérations à haute efficacité, avec une attention particulière portée aux projets de captage et de stockage du carbone.

Retour des grandes compagnies américaines et les stratégies de positionnement sur un marché prometteur

L’accord de principes signé entre « Sonatrach » et « ExxonMobil » le 23 mai 2024 a constitué une étape importante dans le parcours de la coopération bilatérale. Il s’inscrit dans un cadre de collaboration globale couvrant l’ensemble de la chaîne de valeur pétrolière, avec une attention particulière portée au développement des ressources dans les bassins d’Ahnet et de Gourara, considérés comme les plus prometteurs en Algérie.

La signature de cet accord a été accompagnée d’un plan ambitieux reposant sur trois piliers essentiels : l’excellence opérationnelle, l’innovation technologique et la durabilité environnementale, avec un engagement envers les normes les plus élevées de gouvernance environnementale, sociale et institutionnelle.

Parallèlement, le protocole d’accord signé avec « Chevron », le 13 juin 2024 a établi une plateforme de concertation stratégique pour étudier les opportunités de développement des ressources dans les bassins d’Ahnet et de Berkine, avec un accent particulier sur le transfert de technologie et l’adoption des meilleures pratiques environnementales.

Ces efforts ont été couronnés par la signature, en janvier 2025, d’un accord spécialisé avec **l’Agence du pétrole** pour la réalisation d’une étude complète sur les zones maritimes algériennes sur une durée de 24 mois, visant une évaluation précise du potentiel pétrolier du plateau continental algérien, considéré comme l’une des zones les moins explorées du bassin méditerranéen.

Noureddine Daoudi, président-directeur général de « Sonatrach », a reçu le 30 octobre 2025, au siège du groupe à Alger, une délégation de haut niveau de la société américaine « Chevron », conduite par « Frank Mount », directeur exécutif du développement des affaires institutionnelles.

Les discussions ont porté sur les perspectives de coopération bilatérale et sur le niveau d’avancement des négociations visant à activer l’accord de principes signé entre les deux parties le 13 juin 2024.

Cet accord constitue un cadre stratégique pour le développement des ressources pétrolières et gazières dans les zones d’intérêt commun situées dans les bassins d’Ahnet et de Berkine.

Cette rencontre s’inscrit dans le cadre du suivi de la mise en œuvre du partenariat stratégique entre « Sonatrach » et « Chevron », l’une des plus grandes multinationales énergétiques au monde, dotée d’une expertise technique avancée dans les domaines de l’exploration et de la production.

Les deux parties ont exprimé, au cours de la réunion, leur engagement total à renforcer cette coopération afin d’assurer l’exploitation optimale des richesses souterraines nationales, au service de l’économie nationale et du renforcement de la position de l’Algérie en tant que partenaire fiable sur le marché mondial de l’énergie.

Ces initiatives s’inscrivent dans les transformations profondes que connaît la carte énergétique mondiale, alors que l’Algérie cherche à maximiser l’exploitation de ses ressources énergétiques dans un contexte caractérisé par la diminution des grandes découvertes pétrolières à l’échelle internationale, la hausse de la demande en gaz naturel en tant que combustible de transition, la nécessité d’investissements massifs dans les infrastructures de production et de transport, ainsi que l’accélération technologique sans précédent dans les domaines de l’exploration et de l’extraction, notamment en offshore profond et dans les formations non conventionnelles.

Ces évolutions accompagnent également le tournant de la politique énergétique algérienne vers l’adoption d’un modèle plus ouvert à la coopération internationale, tout en gardant l’intérêt national comme référence fondamentale.

Ces partenariats représentent une opportunité historique pour l’Algérie d’atteindre plusieurs objectifs stratégiques, notamment, le transfert du savoir et de la technologie dans les domaines de l’exploration et de la production, l’augmentation des réserves nationales en hydrocarbures, le renforcement des capacités de production et l’amélioration du rendement économique, ainsi que le positionnement sur les marchés mondiaux, en particulier européens, en quête de diversification de leurs sources d’approvisionnement énergétique après la crise ukrainienne.

Ils ouvrent également la voie au développement d’industries pétrochimiques intégrées, à la création de nouveaux emplois et au renforcement des compétences locales dans les domaines de l’ingénierie, de la recherche et du développement.

Cependant, la réussite de ces partenariats dépend de plusieurs facteurs cruciaux, notamment la stabilité du cadre juridique et fiscal, le développement des infrastructures nécessaires — notamment dans les domaines maritime et logistique , la qualification des compétences locales à travers des programmes de transfert de savoir-faire, et l’intégration des nouveaux projets dans la stratégie nationale de l’énergie, tout en garantissant un équilibre entre les exigences de l’investissement étranger et les intérêts nationaux à long terme.

Le retour des grandes compagnies américaines en Algérie reflète la maturité de la vision énergétique nationale et sa capacité à attirer les investissements des élites mondiales du secteur des hydrocarbures.

Ces partenariats ne représentent pas de simples contrats d’investissement, mais de véritables alliances stratégiques plaçant l’Algérie au cœur de l’équation énergétique mondiale, et ouvrant de nouvelles perspectives de coopération industrielle et technologique susceptibles de contribuer à la transformation qualitative attendue de l’économie énergétique nationale, et au renforcement de la position de l’Algérie en tant que pôle énergétique régional actif et puissance économique émergente dans le bassin méditerranéen et sur le continent africain.