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Avocats d’Alger : nouvelles restrictions sur leurs apparitions médiatiques et en ligne

La mesure a suscité une vive polémique et de nombreuses interrogations quant à sa mise en application et à leurs libertés

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L'ordre des avocats d'Alger a émis une note imposant des règles strictes relatives aux apparitions médiatiques et dans l’espace virtuel, en invoquant le respect des normes légales, réglementaires et déontologiques qui encadrent la profession. Cette décision fait suite à la constatation de comportements jugés contraires à l’éthique et aux règles professionnelles, à l’ère de l’essor rapide des médias et des technologies de communication.

Dans cette note, dont le journal El Khabar détient une copie, l’organisation ordonne notamment le respect strict de la demande d’autorisation préalable auprès du bâtonnier pour toute apparition médiatique, l’interdiction immédiate de fournir des consultations juridiques à travers les médias ou les réseaux sociaux.
Signée par le bâtonnier Mohamed Baghdadi, la note enjoint également les avocats à s’abstenir de participer à des débats politiques ou sociaux dans les médias, sauf s’ils détiennent un statut officiel au sein d’une organisation ou d’un cadre justifiant leur activité.
Baghdadi a insisté sur le fait que le Conseil de l’ordre n’hésitera pas à engager des procédures disciplinaires à l’encontre de tout avocat ne respectant pas ces directives, qu’il considère comme relevant des règles fondamentales de la profession, en particulier l’obligation de préserver la dignité, la neutralité et l'intégrité de la profession d’avocat.

Selon la même source, cette décision intervient après que l’organisation a constaté que certains avocats apparaissaient régulièrement dans les médias et sur les réseaux sociaux, sans respecter les règles légales et déontologiques.

Le bâtonnier a justifié cette position en affirmant que tout commentaire dans les médias ou participation à des émissions juridiques, y compris la fourniture de conseils juridiques, doit être soumis au contrôle de l’organisation et nécessite une autorisation écrite préalable.

Il considère que de telles interventions, y compris les participations téléphoniques, représentent une forme déguisée de publicité personnelle interdite par la loi, en vertu de l’article 12 de la loi régissant la profession et l’article 98 du règlement intérieur de l’Ordre.

L’objectif affiché de cette démarche est de contrôler le discours juridique au nom de la profession, préserver sa réputation, et éviter toute atteinte aux secrets des justiciables, à l’indépendance de la justice ou au bon déroulement des procès.

Enfin, la note souligne que certains avocats prennent part à des débats politiques ou sociaux sans statut officiel ou cadre formel justifiant leur intervention, ce qui nuit à l’image de la profession. Elle appelle ainsi à ne pas exploiter le statut professionnel d’avocat pour servir des intérêts personnels ou extra-professionnels, insistant sur le respect des limites du cadre légal propre à leur mission juridique.