Le Conseil national de transition (parlement désigné) au Mali a officiellement ouvert la voie, hier jeudi, au président de transition Assimi Goïta, pour qu’il obtienne le statut de président de la République sans élection, en approuvant un projet de loi lui accordant un mandat présidentiel de cinq ans renouvelable.
Cette démarche pave la voie au général Assimi Goïta pour diriger le pays au moins jusqu’en 2030. Le Conseil national a voté en faveur de ce projet de loi à une écrasante majorité, bien que la junte militaire ait initialement promis de restituer le pouvoir aux civils en mars 2024.
Composé de 147 membres, le Conseil national de transition a validé le projet avant de le transmettre à Goïta pour signature, excluant ainsi totalement le peuple malien du processus politique.
Auparavant, les autorités de transition avaient dissous les partis politiques, provoquant une vague de protestations massives dans le pays, que les autorités ont temporairement réprimée par une campagne d’arrestations visant les dirigeants de l’opposition.
Goïta avait pris le pouvoir après deux coups d’État en 2020 et 2021, et avait alors promis de lutter contre les djihadistes et de rendre le pouvoir aux civils.
Le président du Conseil national de transition, Malick Diaw, a qualifié l’adoption de ce projet de loi de « grand pas vers la reconstruction du Mali ».
Et ce, malgré l’adoption d’une nouvelle Constitution en 2023 et la mise en place de conditions propices à l’organisation d’élections présidentielle et législatives, la junte militaire a traîné des pieds pour transférer le pouvoir aux responsables politiques.
Les promoteurs de ce projet ont justifié leur initiative par la nécessité de s’aligner sur le Burkina Faso et le Niger, qui font face à des défis similaires, après la création de l’Alliance des États du Sahel le 16 septembre 2023, afin de « faire face au risque de déstabilisation internationale et aux attaques contre les intérêts vitaux de leurs peuples ».
Depuis deux ans, le pays est à nouveau le théâtre de violences entre les autorités de transition et les éléments du Mouvement de libération de l’Azawad, après la suspension de l’accord de paix et de réconciliation issu du processus d’Alger.
Parallèlement, des groupes djihadistes affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique ont intensifié leurs attaques ces dernières semaines.
Quant aux relations entre Alger et Bamako, elles ont récemment connu de vives tensions sous la direction d’Assimi Goïta, après que le ministre malien des Affaires étrangères a accusé l’Algérie de soutenir le terrorisme, et également après que l’armée nationale algérienne a abattu un drone malien qui avait violé l’espace aérien national.
Commentaires
Participez Connectez-vous
Déconnexion
Les commentaires sont désactivés pour cet publication.