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Libye: Un groupement tribal menace de s’en prendre à la présence étrangère

Ses orientations rejoignent, dans une large mesure, les propositions portées par l’Algérie depuis plusieurs années.

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L’ouest libyen connaît ces derniers jours des mouvements et recompositions politiques inattendus, visant à mettre fin à toute présence étrangère, y compris celle de la mission des Nations unies, et à promouvoir une solution née du peuple libyen lui-même, selon un communiqué publié par le Conseil social de la région ouest, intitulé « Déclaration d’état d’alerte ». Ce conseil a fixé la date du 30 juin pour un rassemblement devant le siège de la mission onusienne en Libye.

Ce Conseil social, une instance non officielle élue par les notables des tribus de l’Ouest, entend reprendre l’initiative pour instaurer une autorité nationale libre de toute ingérence étrangère et rejeter l’installation de bases militaires étrangères sur le sol libyen. Selon le document consulté et vérifié par El Khabar, le Conseil estime que l’ingérence étrangère en Libye a atteint son paroxysme, et que la mission des Nations unies a totalement échoué à respecter la volonté du peuple, d’où son appel à l’état d’alerte générale pour expulser la mission onusienne.

Le communiqué affirme que la Libye n’est « ni un champ d’expériences politiques ni une zone d’influence pour les puissances étrangères », et appelle les députés et membres du Haut Conseil d’État, investis de la confiance populaire, à assumer pleinement leur responsabilité et à participer, aux côtés du peuple, aux manifestations de protestation contre les ingérences et agendas extérieurs.

Le Conseil social n’exclut aucune option dans cette démarche, y compris l’option militaire, déclarant que « toutes les options sont sur la table, y compris l’appel au Djihad pour chasser toutes les formes d’occupation étrangère et rétablir la souveraineté nationale par la volonté du peuple ».

Bien que le Conseil n’ait pas nommément désigné une puissance étrangère précise, des sources libyennes contactées par El Khabar indiquent que cette position vise toutes les forces étrangères impliquées en Libye et qui soutiennent certaines factions locales au détriment d’autres.

Ce mouvement se développe en marge des processus menés par le général à la retraite Khalifa Haftar, soutenu par des puissances étrangères connues, ainsi que de la trajectoire adoptée par le Gouvernement d’union nationale et le Conseil présidentiel reconnus internationalement.

Les positions exprimées par le Conseil social, qui rassemble des dizaines de tribus de l’Ouest libyen, rejoignent en grande partie celles défendues depuis des années par l’Algérie, telles que le retrait progressif, organisé et sécurisé des combattants étrangers, et la promotion d’une solution purement libyenne fondée sur des élections inclusives.

Le communiqué souligne également, au nom des Libyens, que « les Libyens ont décidé de récupérer leur dignité eux-mêmes et qu’ils n’ont à demander la permission de personne pour exercer leur souveraineté et leur droit à l’autodétermination ».

Le ton et le langage utilisés dans ce texte laissent entrevoir une dynamique interne ouverte à toutes les options, et signalent l’émergence ou la montée d’acteurs locaux porteurs d’une vision différente de celle des forces traditionnelles en place depuis plus de dix ans, et qui n’ont pas réussi à sortir la Libye de la crise.

Pour rappel, l’Algérie a toujours plaidé pour un processus libyen-libyen, soutenu et accompagné par la communauté internationale, estimant que la solution doit passer par l’unification des institutions libyennes, la réconciliation nationale, le retrait des mercenaires et forces étrangères, ainsi que l’organisation d’élections présidentielles et législatives, tout en mettant fin aux ingérences étrangères.