Dans un contexte de transformations géopolitiques accélérées, les discussions sur la fin de l’ordre mondial unipolaire et l’émergence d’un nouveau modèle multipolaire se multiplient. Pour éclairer ce changement, El Khabar s’est entretenu avec Dr. Laïd Zeghlami, professeur en communication à l’Université d’Alger 3, qui a récemment participé à l’Assemblée générale mondiale tenue à Moscou, sous le thème : "Un nouveau monde d’unité consciente".
Le Dr. Zeghlami revient en détail sur les enjeux de cette rencontre, son importance symbolique et stratégique, ainsi que sur le rôle attendu de l’Afrique et de l’Algérie dans la construction de ce nouvel ordre mondial. Il insiste également sur la nécessité urgente de bâtir un système médiatique alternatif pour faire face à l’hégémonie occidentale.
Dr Zeghlami, vous avez assisté à l’Assemblée générale mondiale de Moscou placée sous le slogan "Un nouveau monde d’unité consciente". Quelle est, selon vous, l’importance de cette rencontre ?
Cette rencontre a constitué une plateforme historique réunissant des délégations de plus de 140 pays, venus d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine, et d’ailleurs.
Les discussions ont porté sur les moyens concrets de mettre en œuvre un monde multipolaire. Ce n’est plus un simple idéal ou un vœu pieux — c’est désormais une orientation mondiale soutenue par un large consensus.
En quoi cette assemblée se distingue-t-elle des autres forums internationaux ?
Elle s’est démarquée par sa focalisation sur la construction d’un nouvel ordre mondial fondé sur l’égalité et la responsabilité partagée.
Tous les participants ont convenu de la nécessité de rompre avec l’hégémonie occidentale sur l’économie et les relations internationales, et de promouvoir une coopération multipolaire et multilatérale.
Peut-on dire qu’un nouvel ordre mondial est effectivement en train d’émerger ?
Oui, les signes sont clairs. Nous assistons à la naissance d’un nouvel ordre mondial sur les ruines de l’ancien, arrivé à un point de blocage structurel.
Des pôles émergents tels que la Chine, la Russie, le Brésil, la Turquie, ainsi que plusieurs autres pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, sont désormais convaincus de la nécessité de rééquilibrer les rapports de force à l’échelle globale.
Quel rôle l’Afrique — et en particulier l’Algérie — peut-elle jouer dans cette nouvelle dynamique ?
L’Afrique attire aujourd’hui une attention croissante, et son rôle stratégique devient de plus en plus visible.
L’Algérie œuvre activement pour unifier les positions africaines, ce qui en fait une voix importante et influente sur le continent.
À mon avis, il s’agit là d’une opportunité historique pour l’Algérie de s’imposer dans la refondation du nouvel ordre mondial, d’autant plus que sa diplomatie repose sur le principe d’un non-alignement positif.
Vous avez évoqué un aspect médiatique lors des discussions à Moscou. Que voulez-vous dire par là ?
L’un des débats les plus importants portait sur la nécessité de créer un système médiatique mondial indépendant, capable de faire face à l’hégémonie de l’information imposée par les puissances occidentales.
Aujourd’hui, les médias sont devenus une arme stratégique, utilisée pour imposer des narratifs, influencer les opinions et manipuler les faits.
La création d’un écosystème médiatique alternatif est donc une étape essentielle dans la construction d’un nouveau monde plus équilibré.
Quel message principal retenez-vous de cette rencontre internationale ?
Le message est clair, l’ordre mondial ancien est arrivé à son terme. Il ne peut plus répondre aux aspirations des peuples.
Un nouvel ordre multipolaire, plus juste et plus équitable, est en train de se construire, et il bénéficie d’un soutien croissant à travers le monde.
L’Algérie et l’Afrique doivent s’impliquer pleinement dans ce processus, afin de ne pas être marginalisées une fois de plus, comme ce fut le cas après la Seconde Guerre mondiale.
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