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La balle est dans le camp du Maroc

Les solutions unilatérales et celles imposées par la force aux peuples peuvent-elles réussir ?

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Ph: D.R
Ph: D.R

L’initiative sahraouie ouvre la voie à tous pour exprimer leurs aspirations — aussi bien le peuple sahraoui que leurs voisins marocains — et constitue une opportunité en or où tout le monde pourrait être gagnant : le Maroc, le Sahara occidental et la région dans son ensemble.

Elle s’éloigne des pseudo-solutions qui tiennent plus du « coup médiatique » que de la recherche sérieuse d’un règlement durable, car elles ne s’attaquent pas aux causes réelles du conflit, mais en prolongent la durée et en aggravent la décomposition.

L’idée de l’autonomie, promue par le Maroc depuis 2007 — une idée d’origine française née dans les bureaux du Quai d’Orsay à Paris —, que l’on cherche aujourd’hui, dix-huit ans plus tard, à ressusciter, n’est qu’une coquille vide, décorée de slogans sans lien avec la réalité marocaine, sa complexité et la structure de son système. Même les Nations Unies, après tout ce temps et cette propagande autour de l’initiative, ignorent encore ses véritables détails, ce qui a poussé l’envoyé spécial pour le Sahara occidental, Steffan de Mistura, à demander à Rabat de présenter une proposition sérieuse et concrète.

Le Maroc s’appuie sur le soutien américain, ainsi que sur celui de la France — parrain officiel de l’occupation marocaine du Sahara occidental —, sans oublier l’Espagne et le Royaume-Uni. Ce dernier, toutefois, soutient également le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, tout en appuyant la proposition marocaine.

Les États-Unis s’efforcent d’imposer une solution fondée sur la thèse marocaine : une autonomie sous souveraineté marocaine. Ils agissent activement en ce sens au sein du Conseil de sécurité, motivés par les intérêts des lobbies de droite à Washington et du lobby sioniste allié au régime makhzénien. Les services rendus par le Maroc à l’entité sioniste dans sa guerre d’extermination contre le peuple palestinien à Gaza révèlent le degré d’interconnexion et d’échange d’intérêts entre ces trois acteurs. Le Maroc entend en retour obtenir un soutien illimité à son occupation du Sahara occidental.

Mais les solutions unilatérales et celles imposées par la force aux peuples peuvent-elles réussir ? L’histoire y répond par l’exemple à ceux que la propagande du moment éblouit. L’indépendance de l’Algérie, conquise malgré la France et l’OTAN, ainsi que celle de nombreux pays africains ou du Timor oriental en Asie, constituent autant de leçons dont le régime marocain devrait s’inspirer.

C’est dans cet esprit et à la lumière de ces leçons que le Front Polisario a adressé des messages aux pays soutenant le Maroc, les exhortant à être partie à la solution, non au problème, et à encourager les deux camps à engager de véritables négociations.

Le Front a également appelé le régime marocain à comprendre que miser sur des appuis extérieurs est un choix risqué et coûteux, tandis que le dialogue avec les Sahraouis demeure la meilleure voie pour parvenir ensemble à un partage équitable du prix de la paix. À cet égard, le Front cite en exemple la paix conclue avec la Mauritanie, qui a apporté des bénéfices aux deux pays.

Aujourd’hui, la balle est dans le camp du Maroc. Il lui appartient de saisir cette chance, cette bouée de sauvetage et la main tendue des Sahraouis. Car l’offre sahraouie, tout en réalisant les aspirations du peuple sahraoui, offre également au Maroc une respiration nouvelle, une occasion de rediriger ses ressources — actuellement consacrées à l’occupation d’un pays voisin — vers le service du peuple marocain.

Ce dernier souffre de plus en plus des pratiques du régime makhzénien, qui appauvrit le peuple tout en enrichissant la monarchie et son entourage. S’entêter dans la voie de l’occupation entraînera des conséquences graves, dont le trône lui-même pourrait payer le prix.