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La France fait face au risque d’un effondrement de la paix sociale

La situation sociale devient de plus en plus précaire, menaçant l’effondrement du modèle social français

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L'agence américaine Fitch, l'une des trois principales agences de notation, a, comme attendu, abaissé la note de la France de AA- à A+ dans la soirée du vendredi 12 septembre. Cela intervient quelques semaines avant que Moody's ne publie sa propre évaluation prévue pour octobre. Depuis octobre 2024, Fitch avait maintenu la note de la France à AA- avec une perspective négative.

En d'autres termes, Paris, dont la dette atteint aujourd’hui 3 400 milliards d’euros, était déjà menacée de passer dans la catégorie inférieure. Lors de son évaluation précédente en mars dernier, Fitch avait détaillé plusieurs facteurs pouvant entraîner une dégradation de la note de la France. En particulier, « l'incapacité à mettre en œuvre un plan crédible de consolidation budgétaire à moyen terme, par exemple en raison d'une opposition politique ou de pressions sociales, ce qui empêcherait de stabiliser la dette à moyen terme », selon les termes de l’agence.

Le renversement de l’ancien gouvernement français par le Parlement le 8 septembre, suivi de la démission du Premier ministre François Bayrou, ainsi que la mobilisation générale lancée par le mouvement "On ferme tout", sont autant d’éléments ayant contribué à la détérioration de la situation en France.


Les Français face à la pauvreté


La situation politique se détériore de plus en plus, laissant craindre un possible effondrement de la Cinquième République, dans un contexte marqué par la chute des indicateurs démocratiques, les atteintes à la liberté d'expression, la montée de la répression policière, et la volonté persistante du locataire de l'Élysée — de plus en plus impopulaire — de s'engager davantage dans le conflit ukrainien, notamment en appelant à l’envoi de troupes françaises sur le front. Cela implique des dépenses militaires insoutenables pour le budget, en plus de l'explosion de la dette et du coût de son service. En parallèle, la situation sociale continue de se fragiliser, menaçant l’effondrement du modèle social français.

Dans ce contexte, l'organisation "Secours Populaire Français" (SPF) a tiré la sonnette d’alarme jeudi 11 septembre face à l’ancrage croissant de la précarité dans le quotidien des Français, affectant tous les aspects de la vie des plus vulnérables. En effet, un Français sur cinq se considère aujourd’hui en situation de précarité, pour des raisons diverses.

Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire, a déclaré à l’AFP « la précarité économique s’aggrave en France et touche tous les aspects de la vie, qu’il s’agisse de la santé, des loisirs ou de la vie familiale. »
L’association a publié un baromètre révélant que 31 % des Français ont des difficultés à se nourrir sainement trois fois par jour, 39 % peinent à payer leurs factures d’électricité, et 49 % ne peuvent pas partir en vacances au moins une fois par an, selon une enquête réalisée par l’institut Ipsos sur un échantillon de 1 000 personnes représentatives de la population française âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.


Revenus insuffisants, dépenses imprévues, dettes excessives


En définitive, un Français sur cinq (soit 20 % de la population) se dit en situation de précarité, un chiffre en légère baisse par rapport à 2024 (24 %). En début de semaine, Anne Rubinstein, déléguée interministérielle à la prévention et à la lutte contre la pauvreté, a reconnu les « difficultés » rencontrées par l’État pour faire baisser un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 dans la France métropolitaine. Face à cette réalité, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé, mardi dernier, à une « mobilisation collective » pour briser l’inertie dans la lutte contre la pauvreté.

Au niveau européen, 28 % des citoyens se déclarent également en situation de précarité, selon le même baromètre publié par le Secours populaire, basé aussi sur des échantillons de 1 000 personnes dans neuf autres pays.

En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France, en fournissant une aide alimentaire et en organisant des activités pour diverses catégories de population afin de rompre l’isolement.

Il est aussi crucial de souligner le retour de maladies que l'on croyait disparues, comme la rougeole. En 2025, 828 cas de rougeole et deux décès ont été recensés en France, contre 483 cas en 2024. La maladie représente toujours une menace sérieuse pour les populations vulnérables.