Nation

Le député Delogu répond à ses détracteurs d’extrême droite

Il a affirmé que sa visite en Algérie fin juin, accompagné de sa mère, avait un caractère personnel et humanitaire, visant à se recueillir sur les tombes de ses ancêtres et à participer à un forum sur l'environnement.

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Le député Sébastien Delogu, membre du parti La France insoumise, a réagi à la campagne menée contre lui à la suite de sa récente visite en Algérie, mettant en garde contre le danger d’ignorer la profondeur et l’enracinement des liens entre l’Algérie et la France.

Delogu, qui s’est rendu en Algérie fin juin en compagnie de sa mère, a précisé que son voyage avait un caractère personnel et humanitaire, avec pour objectif de se recueillir sur les tombes de ses ancêtres et de participer à un forum environnemental.

Dans un communiqué publié sur la plateforme X, le député a insisté sur le fait que la visite était programmée depuis des mois. Elle lui a également permis de rencontrer des députés de l’Assemblée populaire nationale, parmi lesquels Mohamed Hani, ancien président de la commission des affaires étrangères, ainsi que les députés de l’émigration Brahim Dekhinet, Mohamed Yakoubi et Nour-Eddine Hatab.

Cependant, son apparition à l’antenne de la chaîne Canal Algérie a déclenché une vague de colère en France, notamment après que Delogu a accusé le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, de proférer des « insultes et menaces » contre l’Algérie. Il a aussi pointé la responsabilité des médias appartenant à ce qu’il a qualifié de « galaxie Bolloré » dans l’alimentation d’un discours colonialiste et raciste, en référence aux chaînes et journaux détenus par l’homme d’affaires Vincent Bolloré.

Delogu n’a pas hésité à adresser des critiques directes à l’égard de certains membres du gouvernement français, estimant que le discours hostile à l’Algérie n’était plus l’apanage de l’extrême droite, mais se retrouvait également dans la bouche de ministres du gouvernement lui-même.

Il a souligné que « les relations entre la France et l’Algérie sont profondes et enracinées », avertissant que « négliger cette réalité serait une grave erreur ».

Il n’aura pas fallu quelques heures après son apparition télévisée pour que certaines figures de la droite et de l’extrême droite française s’empressent de saisir l’occasion pour l’attaquer, l’accusant de servir un agenda étranger, dans une tentative d’exploiter tout rapprochement avec l’Algérie à des fins de politique intérieure, même au détriment de l’apaisement des relations bilatérales.

Pour sa part, le parti La France insoumise, dirigé par Jean-Luc Mélenchon, auquel appartient Delogu, s’est contenté d’un bref communiqué précisant que les propos du député reflétaient ses positions personnelles et n’engageaient ni le groupe parlementaire ni le parti dans son ensemble.

Le député français a tenu à rappeler que son voyage, qui avait commencé à Oran, où se trouve la tombe de son grand-père maternel, avant de se poursuivre à Alger, n’avait pas de visée politique, même s’il portait des messages : rendre hommage à la mémoire commune et appeler à une relation fondée sur le respect, l’égalité et la fraternité, des valeurs encore refusées ou ignorées par certains milieux politiques français qui n’ont pas surmonté le complexe postcolonial.

Dans son communiqué, il a expliqué que, dans le contexte des attaques inédites menées par la droite et l’extrême droite visant à envenimer la relation franco-algérienne, il avait été immédiatement pris pour cible, sa visite instrumentalisée et dénigrée.

En réponse aux critiques qui lui reprochaient de ne pas avoir évoqué publiquement la question des Français détenus en Algérie, Delogu a affirmé que les journalistes ne l’avaient pas interrogé à ce sujet. Il a défendu ses positions en précisant qu’il avait bel et bien abordé, de manière discrète, le dossier du journaliste et écrivain français Sansal avec des responsables locaux, refusant de tomber dans l’escalade médiatique qu’il impute au ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, qualifiant ses propos « d’insultants et inutiles ».

Il a également nié catégoriquement les rumeurs concernant sa position sur la question du Sahara occidental, affirmant son attachement à la légalité internationale et à la nécessité de résoudre les conflits par des moyens pacifiques, répondant ainsi implicitement à ceux qui tentaient de politiser son voyage et de l’impliquer dans des dossiers complexes.

Malgré le caractère personnel des déclarations de Delogu, leur contenu reflète un courant au sein de la gauche française qui s’interroge sur l’avenir des relations avec l’Algérie, la nécessité de dépasser la logique des injonctions et de la tutelle, et qui appelle à traiter l’Algérie comme un partenaire et non comme un dossier de politique intérieure — un discours que des calculs électoraux de court terme à Paris ont souvent compromis.