Monde

Une journaliste dénonce la complicité de l’agence "Reuters"

Elle a vivement critiqué le silence des grands médias occidentaux face aux crimes sionistes

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Valerie Zink, journaliste ayant collaboré avec l’agence Reuters pendant huit ans, a annoncé sa démission pour protester contre ce qu’elle qualifie de rôle de l’agence dans la "justification et la facilitation de l’assassinat systématique de journalistes à Gaza". Dans une déclaration publiée sur Facebook, elle affirme ne plus pouvoir porter la carte de presse de Reuters "sans ressentir une profonde honte et tristesse".

Journaliste dont les travaux ont été publiés dans les plus grands médias internationaux, Zink accuse Reuters d’avoir relayé les accusations mensongères de l’occupation israélienne à l’encontre d’Anas Al-Sharif, reporter d’Al Jazeera, assassiné avec toute son équipe dans la ville de Gaza le 10 août dernier. Ironie du sort : le travail d’Al-Sharif avait été récompensé par un prix Pulitzer au nom même de Reuters.

Zink ajoute que l’agence n’a pas défendu son ancien collaborateur, malgré les menaces explicites du régime israélien et les appels à sa protection lancés par la communauté journalistique internationale. Pire encore, Reuters a ignoré son assassinat, reprenant sans réserve la version de l’occupant.

Elle critique vivement le silence des grandes institutions médiatiques occidentales, en particulier Reuters, face aux crimes commis contre les journalistes. Après l’assassinat d’Al-Sharif dans un bombardement ciblé contre l’équipe d’Al Jazeera, l’agence a relayé les allégations israéliennes concernant ses prétendus liens avec la résistance, sans aucune vérification. Pour Zink, il s’agit là d’"un mensonge de plus parmi tant d’autres repris et promus par ces médias".

La journaliste rappelle que cette propagande n’a même pas protégé les employés de Reuters eux-mêmes, citant la mort de son collègue, le photographe Hussam Al-Masri, tué avec quatre autres journalistes lors d’une double frappe contre l’hôpital Nasser à Khan Younès – une tactique bien connue où un premier bombardement est suivi d’un second ciblant les secours, les journalistes et les équipes médicales.

Zink accuse les grands médias occidentaux de jouer un rôle direct dans la création d’un climat propice à ces crimes, reprenant une citation du journaliste Jeremy Scahill "Chaque grand média – du New York Times au Washington Post, de l’Associated Press à Reuters – est devenu un relais de la propagande de l’occupation, blanchissant ses crimes, déshumanisant ses victimes, trahissant ses confrères et abandonnant tout engagement envers l’éthique journalistique."
Elle conclut son message par ces mots "Je ne peux plus porter la carte de Reuters sans ressentir une profonde honte et tristesse. Je ne sais pas encore comment honorer le courage et le sacrifice des journalistes de Gaza, les plus braves de l’histoire du journalisme. Mais à partir de maintenant, je consacrerai tout ce que je peux pour les faire vivre à jamais."

Le lundi 25 août, quatre journalistes ont été tués lors d’un bombardement israélien contre le complexe médical Nasser, à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.
Il s’agit de Mohammed Salama, journaliste-caméraman pour Al Jazeera, Hussam Al-Masri, photographe travaillant avec Reuters, Mariam Abu Daqqa, journaliste collaborant avec plusieurs médias dont The Independent Arabia et Associated Press, Moaz Abu Taha, correspondant pour le réseau américain NBC.