Le président du groupe parlementaire d’amitié algéro-russe, Abdelssalem Bachagha, a relativisé les récentes déclarations du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, au sujet des tensions entre l’Algérie et le Mali, estimant qu’elles n’auront aucun effet sur les relations solides entre Alger et Moscou.
Dans une déclaration accordée à El Khabar ce mercredi, le député du Mouvement de la Société pour la Paix (MSP) a indiqué que « l’analyse de Lavrov du différend entre l’Algérie et le Mali sous l’angle des séquelles du colonialisme comporte une part de vérité », notamment en ce qui concerne « la politique d’exploitation des ressources naturelles, l’imposition du sous-développement économique et social et la création de tensions politiques par la France, même après les indépendances ».
Bachagha a souligné que ces politiques coloniales ont toujours constitué un facteur d’alimentation des conflits ethniques, citant à titre d’exemple la situation dans le nord du Mali, où les populations de l’Azawad réclament davantage de justice en matière de développement.
En revanche, il a affirmé qu’« il n’a jamais été question d’un différend frontalier entre l’Algérie et le Mali », rappelant qu’à aucun moment, ni l’Algérie ni ses voisins du Sud — Mali ou Niger — n’ont soulevé de litige relatif aux frontières.
Le parlementaire a également jugé que le lien établi par Lavrov entre les tensions africaines et la diversité ethnique « ne reflète pas fidèlement la réalité », rappelant que « la Russie elle-même compte plus de 150 ethnies sur son territoire sans que cela ne soit source de conflit ».
Commentant les propos de Lavrov, selon lesquels Moscou « reste en contact avec ses amis algériens et maliens » et « est prête à contribuer à l’apaisement des divergences », Bachagha a estimé qu’il s’agissait là d’« une position russe équilibrée ». Il a ajouté que les déclarations des responsables russes lors des différentes visites officielles — qu’elles soient parlementaires, gouvernementales ou diplomatiques — ont toujours plaidé pour un rapprochement des points de vue sur la question malienne, précisant que « la présence russe dans la région ne constitue en aucun cas une menace pour les intérêts algériens ».
Pour rappel, Lavrov avait déclaré, lors d’une rencontre avec des journalistes avant-hier, qu’il était « au courant des frictions existantes entre nos amis algériens et maliens », qu’il a attribuées à « l’héritage colonial », lorsque « les colonisateurs traçaient les frontières à la règle, divisant des zones habitées par les mêmes groupes ethniques ».
Le chef de la diplomatie russe a ajouté que « cet héritage refait surface à travers divers conflits », estimant que « ceux qui ont tracé ces frontières cherchaient à provoquer des tensions ». Lavrov a enfin rappelé que l’Union africaine avait, un temps, envisagé de revoir certaines délimitations frontalières pour les rendre plus cohérentes, avant d’y renoncer par crainte de nouveaux affrontements.
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