Nation

Paris s’efforce de raviver ses relations avec Alger

Après plus d’un an de gel et de tensions diplomatiques entre les deux pays.

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L’ambassadeur de France à Alger, Stéphane Romatet, a pris part, jeudi, aux cérémonies commémoratives du massacre du 17 octobre 1961, organisées par la municipalité de Bezons, en banlieue parisienne, et ce sur instruction directe de l’Élysée.

Selon le quotidien Le Figaro, cette initiative s’inscrit dans le cadre d’une « tentative française de réchauffer les relations avec l’Algérie », après plus d’un an de blocage et de tensions diplomatiques entre les deux pays, suite à la reconnaissance par Paris de la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental en juillet 2024.

La commémoration à laquelle a assisté le diplomate français rend hommage à l’une des pages les plus sombres de l’histoire coloniale de la France, lorsque, à l’automne 1961, la police de Maurice Papon avait violemment réprimé une manifestation pacifique organisée par les travailleurs algériens à Paris, à l’appel du Front de libération nationale (FLN), pour protester contre un couvre-feu raciste imposé aux Nord-Africains.

Cette répression avait fait plus d’une centaine de morts et conduit à la noyade de plusieurs manifestants dans la Seine.

D’après des sources diplomatiques citées par Le Figaro, le président Emmanuel Macron aurait voulu, à travers cette participation, adresser deux messages clairs à Alger, le premier est que « la France n’oublie pas cette journée sombre de son histoire », marquant ainsi une reconnaissance explicite des blessures mémorielles liées à la période coloniale. Le second, une invitation à surmonter la crise qui secoue les relations bilatérales depuis plus d’un an, notamment après la décision d’Alger, en avril dernier, d’expulser douze employés de l’ambassade de France, suivie du rappel à Paris de l’ambassadeur Stéphane Romatet, qui n’a pas encore regagné son poste à Alger.

Le journal estime que ce geste représente une tentative symbolique de l’Élysée pour rouvrir une fenêtre de dialogue avec l’Algérie à travers le dossier mémoriel, qui demeure un sujet particulièrement sensible entre les deux nations.

Il intervient, selon la même source, au moment où Paris cherche à rétablir la confiance politique et diplomatique avec Alger, dans un contexte marqué par de multiples défis régionaux communs, notamment dans la région du Sahel et à travers l’Afrique du Nord et subsaharienne.

Enfin, la participation du diplomate français à cette commémoration ne revêt pas qu’un aspect historique, mais traduit également une volonté politique de rassurer Alger, en signifiant que la France est prête à normaliser les relations sur la base du respect mutuel et de la reconnaissance sincère des pages douloureuses du passé.