Forte baisse des prix de la viande importée

Les marchés et boucheries en Algérie ont enregistré, ces derniers jours, une baisse des prix de la viande rouge importée, avec des tarifs atteignant un niveau inédit dans certaines wilayas, descendant jusqu’à 500 dinars le kilo. Cette situation suscite des avis divergents parmi les consommateurs et les spécialistes

Des experts attribuent cette chute remarquable à plusieurs facteurs, notamment les décisions gouvernementales visant à approvisionner massivement le marché national en viande importée, ainsi que l’arrivée tardive de cargaisons, suite à l’importation accélérée de grandes quantités en provenance de pays comme l’Espagne et le Brésil, afin de casser la spéculation et faire baisser les prix pendant le mois de Ramadan.

La réduction des droits de douane sur les importations de viande de 30 % à 5 % a également contribué à cette baisse, en plus des opérations de contrôle renforcées pour réguler les marchés et sanctionner les spéculateurs ayant auparavant provoqué des hausses excessives.

De nombreux citoyens, en particulier les classes moyennes et modestes ont fait part dans le reportage réalisé par El Khabar dans plusieurs marchés de la capitale d’un grand soulagement, considèrant ces prix comme une véritable bouffée d’oxygène.

Un citoyen témoigne « Enfin, nous pouvons acheter de la viande à nouveau, alors que cela relevait du luxe il y a peu à cause des prix élevés. »

D’autres expriment cependant des inquiétudes sur la qualité, appelant à un renforcement des contrôles tout en maintenant cet acquis longtemps attendu par les Algériens.

Des experts économiques prévoient une poursuite de la stabilité des prix, voire une baisse supplémentaire, avec la poursuite des importations et l’organisation du marché, surtout à l’approche de la saison des fêtes, qui connaît traditionnellement une forte demande en viande.

Pour sa part, le président de la Fédération nationale des importateurs de viandes et dérivés, Sofiane Behbou, a expliqué dans une déclaration à El Khabar que la chute des prix de la viande importée est principalement due à l’arrivée tardive des cargaisons pendant et après le mois de Ramadan.

Il estime que la poursuite des importations massives sans régulation risque de saturer le marché, ce qui provoquerait un déséquilibre entre l’offre et la demande locales.

Behbou propose de permettre la vente de viande importée aux institutions publiques et aux restaurants, et pas seulement aux particuliers, afin d’éviter que les importateurs ne subissent d'importantes pertes, surtout que certains prix pratiqués sont en dessous du seuil officiel fixé à 1 200 dinars le kilo.

Il ajoute que « les opérateurs ont soutenu l’État pour stabiliser le marché, maintenant c’est à l’État de les soutenir. »

Il appelle également à une réunion urgente entre les importateurs et les représentants des ministères de l’Agriculture et du Commerce, jugeant les prix actuels "irrationnels", ajoutant que "ce n’est pas logique que le prix du poulet soit plus élevé que celui de la viande rouge importée."

Concernant la question de la date de péremption de certaines cargaisons, Behbou répond « Ce risque est peu probable pour l’instant, mais si la situation perdure, cela pourrait devenir un problème d’ici un mois. »

À propos de la décision d’importer un million de têtes ovines à l’occasion de l’Aïd El-Adha, il a salué une initiative courageuse du président de la République, tout en insistant sur la nécessité de soutenir les éleveurs nationaux, déclarant « nous sommes fiers de nos éleveurs, et nous devons travailler ensemble pour préserver le cheptel national. Pourquoi ne pas devenir exportateurs d’ovins dans les années à venir ? »

Behbou conclut en affirmant que le ministère du Commerce a confirmé la poursuite du soutien au marché en viande importée, en coopération avec les opérateurs économiques unifiés pour stabiliser les prix, dans un esprit de solidarité nationale face à toute tentative de déstabilisation.

Enfin, il a révélé que la Fédération a adressé un courrier aux ministères du Commerce intérieur, de la Régulation du marché national, et du Commerce extérieur, réclamant une réunion urgente avec les représentants des ministères concernés, afin de trouver des solutions pratiques et éviter aux importateurs des pertes financières importantes, qui pourraient compromettre les futures opérations d’importation de viande rouge.