Les récentes déclarations de l'ancien diplomate et conseiller à la sécurité nationale des États-Unis, John Bolton, laissent entrevoir les prémices d’une révision américaine des décisions concernant le Sahara occidental et le conflit qui oppose le Front Polisario au Maroc.
Il semble que le Royaume du Maroc accélère cette année ses démarches en vue de régler le dossier du Sahara occidental par des moyens diplomatiques et des alliances régionales et internationales à connotation coloniale. Selon certains observateurs, cette démarche constitue une tentative de contourner la légitimité internationale et de se soustraire à un engagement fondamental qui accompagne ce conflit vieux de plus d’un demi-siècle : le droit du peuple sahraoui, représenté exclusivement par le Front Polisario, à l’autodétermination.
Le Maroc s’appuie dans cette stratégie sur un réseau d’alliances, dont la plus marquante est son partenariat avancé avec l’occupation israélienne, renforcé depuis la signature des accords de normalisation dits « Accords d’Abraham » fin 2020. Ce processus a été suivi par la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental par les États-Unis, annoncée par un simple tweet de Donald Trump à l’époque, en contrepartie d’une normalisation complète avec l'entité sioniste.
Des analystes estiment que Rabat mise sur le poids du lobby juif aux États-Unis pour influencer les décisions politiques, notamment en vue de faire classer le Front Polisario comme organisation terroriste. Cette orientation n’a cependant pas été bien accueillie au sein du Congrès américain, surtout dans un contexte où les signes indiquent un recul des républicains face aux démocrates aux prochaines élections de mi-mandat.
Dans le même contexte, des rapports médiatiques indiquent que le Maroc fait appel à des instituts de recherche et à des agences de communication israéliennes pour diffuser un récit assimilant le Polisario à une menace sécuritaire, en tentant de lui coller une étiquette terroriste. Cela, malgré la reconnaissance du Front Polisario par des dizaines d'États comme mouvement de libération nationale et membre fondateur de l’Union africaine.
Diplomatie de la reconnaissance et pressions politiques
Ayant pour objectif de clore définitivement le dossier du Sahara occidental cette année en consolidant son occupation, Rabat a intensifié ces derniers mois ses efforts pour élargir le cercle des pays reconnaissant sa proposition d’autonomie pour le Sahara occidental occupé. Elle a ainsi obtenu des positions de soutien de la part de la France, de l’Espagne, du Royaume-Uni, et de quelques États africains comme le Kenya et le Ghana.
Certaines données indiquent que ces pays exercent des pressions sur les gouvernements de leurs anciennes colonies en Afrique, en Amérique latine et en Asie afin qu’ils reconnaissent la prétendue souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Cette stratégie s’inscrit dans une alliance politique que le Maroc espère traduire par une déclaration collective à transmettre à l’ONU. Celle-ci pourrait être annoncée lors d’une conférence prévue dans un pays du Golfe, et éventuellement soumise au Conseil de sécurité dans le but de modifier les missions de la MINURSO ou d’en marginaliser le rôle dans l’organisation d’un référendum.
Face au déclin du projet initial d’autonomie, conçu par la France et souvent qualifié de vide (se limitant à deux pages et demie sans détails), certains milieux diplomatiques évoquent une tentative marocaine de relancer une nouvelle initiative baptisée « autonomie+ ». Celle-ci viserait à proposer une alternative au référendum d’autodétermination, bien que ce dernier reste la pierre angulaire de la vision américaine et onusienne pour la résolution du conflit.
Un soutien constant à la cause de la décolonisation
De son côté, l’Algérie réaffirme la constance de sa position historique et diplomatique en faveur du droit du peuple sahraoui à établir son propre État indépendant, conformément à la Charte des Nations Unies et à celle de l’Union africaine. Elle considère la question du Sahara occidental comme une affaire de décolonisation, et non un différend de souveraineté, appelant à la mise en œuvre des résolutions onusiennes pertinentes et à l’organisation d’un référendum libre et équitable sous l’égide de l’ONU.
L’Algérie met également en garde contre les tentatives de dénigrement du Front Polisario et de sa classification hors de son contexte réel, en tant que mouvement de libération nationale, à l’instar de nombreux mouvements en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud que l’Algérie a soutenus dans le passé.
Le pari marocain sur une solution unilatérale reste périlleux, tant que la légitimité internationale continue de considérer le Sahara occidental comme un territoire occupé par le Maroc. Toute solution durable doit reposer sur une négociation acceptée par les deux parties, dans le respect du droit du peuple sahraoui à décider librement de son avenir.
Commentaires
Participez Connectez-vous
Déconnexion
Les commentaires sont désactivés pour cet publication.