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La justice américaine propose d’expulser un militant pro-palestinien vers l’Algérie

Les poursuites engagées contre Mahmoud Khalil s’appuient sur les allégations selon lesquelles les activistes pro-palestiniens représenteraient une menace pour la « sécurité nationale » et favoriseraient « l’antisémitisme » sur les campus universitaires.

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Dans une décision qui a suscité la polémique, une juge de Louisiane, Jamie Comans, a ordonné l’expulsion de l’ancien étudiant et militant Mahmoud Khalil, devenu symbole des mouvements de défense de la cause palestinienne aux États-Unis et de l’opposition à l’administration Trump. Elle a invoqué des « irrégularités dans sa demande de résidence permanente », et proposé son renvoi vers l’Algérie dans son jugement rendu mercredi dernier.

Ce que la juge appelle « irrégularités » ne serait, selon plusieurs observateurs, que de simples omissions ou failles techniques fréquentes dans les dossiers de la loterie de la carte verte, utilisée chaque année par des millions de candidats, dont des centaines de milliers d’Arabes. Pour eux, l’affaire semble avant tout préparée et politisée.

Khalil est accusé d’avoir fourni des informations inexactes dans sa demande de régularisation, notamment en omettant de mentionner son rôle politique au sein de l’UNRWA et sa participation au groupe étudiant « Columbia University Apartheid Divest », appelant au désinvestissement de l’université de Columbia des entreprises liées à Israël.

Mais pour ses soutiens, ces « omissions mineures », insuffisantes pour justifier une expulsion, révèlent en réalité la volonté de réduire au silence un étudiant devenu influent et charismatique dans les milieux universitaires, malgré les pressions et les tentatives d’étouffer la voix pro-palestinienne aux États-Unis.

Depuis son rôle central en 2024 dans les camps de protestation organisés à Columbia exigeant la fin du génocide à Gaza et le retrait des investissements liés à Israël, Mahmoud Khalil s’est imposé comme une figure de la contestation étudiante. Cela lui a valu d’être accusé d’« affiliation au Hamas », des accusations qu’il juge « fabriquées pour me punir d’avoir exercé ma liberté d’expression », selon sa réponse transmise à l’ACLU et relayée par les médias américains.

L’affaire survient dans un contexte plus large, marqué par l’annulation de plus de 300 visas d’étudiants et résidents permanents ayant participé à des manifestations contre la guerre à Gaza.

Derrière cette offensive, l’administration Trump, avec à sa tête le secrétaire d’État Marco Rubio, accuse les militants pro-palestiniens de représenter une menace pour la « sécurité nationale » et d’alimenter « l’antisémitisme » dans les campus.

Dans ce cadre, la juge Comans a rejeté la demande de sursis à exécution de Khalil, affirmant qu’elle n’avait pas autorité pour contester les décisions du département d’État. Le militant a été transféré en Louisiane, État réputé pour ses juges conservateurs et son système carcéral sévère, à plus de 1 600 km de sa famille basée à New York.

Les avocats de Khalil, appuyés par l’ACLU, contestent cette décision devant une cour fédérale, dénonçant une violation du Premier amendement de la Constitution américaine et un déni de procès équitable.

Parallèlement, les manifestations de soutien à Khalil se multiplient à travers les États-Unis. Pour de nombreux militants, son cas illustre une campagne systématique de répression de la liberté d’expression dans les universités. Des rapports indiquent qu’au moins 16 autres étudiants, notamment de Tulane et Loyola, font actuellement l’objet de procédures similaires en Louisiane.