Nation

Les déclarations de H’mida Ayachi sur El Khabar TV irritent Kamel Daoud

Il dit avoir reçu de sa part un message « colérique, truffé de contrevérités et d’accusations ».

  • 7638
  • 2:48 دقيقة

L’écrivain H’mida Ayachi a révélé que son confrère Kamel Daoud l’avait contacté en privé sur un ton colérique, à la suite de ses déclarations faites vendredi dernier sur la chaîne El-Khabar TV, dans l’émission « Droite et gauche ».

Ayachi, écrivain spécialisé dans les questions culturelles et théâtrales, n’a pas publié le contenu détaillé du message, se limitant à indiquer qu’il exprimait la colère de Daoud, lequel a interprété ses critiques comme une « soumission au système algérien ou un alignement sur le pouvoir ».

Dans une publication sur Facebook, Ayachi a rétorqué que le message de Daoud était « rempli de contrevérités et d’accusations ». La réalité, selon lui, est qu’il a dénoncé chez l’auteur ce qu’il considère comme une « trahison flagrante de la cause nationale et de la cause palestinienne, et son ralliement, consciemment ou inconsciemment, aux lobbies criminels qui justifient l’occupation et justifient ses crimes par la lutte contre le “terrorisme palestinien” ou le “terrorisme” du Hamas, allant jusqu’à flatter l’État sioniste ».

Ayachi a lancé un défi à Kamel Daoud, l’invitant à un débat public et transparent : « Discutons, à voix haute, de ce paradis français illusoire qui t’a privé de la plus belle part de ton esprit créatif et t’a transformé d’un écrivain épris de liberté en une voix qui justifie la brutalité israélienne contre les Palestiniens ».

Et d’ajouter : « Confrontons nos idées devant l’opinion publique, mettons à l’épreuve tes arguments et les miens, afin que les gens puissent juger qui a choisi de s’aligner sur les valeurs et la justice, et qui a préféré se confondre avec les forces du mal ».

Lors de son intervention télévisée, Ayachi était revenu sur le parcours de Kamel Daoud en Algérie puis en France, analysant les transformations de ses convictions, qu’il a décrites comme un cas d’« instrumentalisation française des élites algériennes », injectées dans le récit français, qu’il soit artistique ou culturel. Il a cité, à titre d’exemple, Cheb Khaled ou encore Rachid Mimouni, auteur du célèbre roman Le fleuve détourné.

Selon Ayachi, le cas de Daoud s’inscrit dans une nouvelle vague de captation orchestrée par la France, différente des précédentes : « On a créé devant lui un fait accompli en l’attirant puis en lui ouvrant l’accès à l’hebdomadaire Le Point, d’orientation d’extrême droite. C’est ainsi qu’il a intégré le système français. Puis il s’est orienté vers des écrits virulents contre les migrants musulmans, présentés comme intrinsèquement violents, avant d’opérer un dernier virage en adoptant une vision israélienne de droite ».

L’écrivain a estimé que Daoud représente pour la France un investissement plus stratégique que Boualem Sansal, puisqu’il appartient à une autre génération.

De son côté, l’animateur de l’émission, Mohamed Sidoummou, a tenu à préciser que les propos de H’mida Ayachi avaient été, sur plusieurs points, équilibrés et nuancés à l’égard de Kamel Daoud. Il a rappelé qu’Ayachi avait défendu ce dernier contre les accusations de plagiat formulées par Saâda Arabane, rescapée du terrorisme, et qu’il avait réfuté le cliché selon lequel Daoud aurait commencé sa carrière dans les rangs islamistes radicaux.

Sidoummou a également souligné qu’Ayachi était allé jusqu’à qualifier les propos de son ami Rachid Boudjedra, dans son livre Les fornicateurs de l’histoire — où il évoque un prétendu ralliement de Daoud au GIA — de « surenchère dénuée de toute logique et de tout fondement ».